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T253528
Lt. A.P. Brown M.C.

40ème Bataillon 1ère Guerre mondiale


Soldat A.P. Brown,

40ème Bataillon 1916



29 – 6 – 16



Au Caporal Brown

De la part de Dot

Avec mes meilleurs vœux.


Nous chérissons nos bons vieux livres,

Nous chérissons les jours passés

Mais par-dessus tout, nous chérissons les amis rencontrés sur le chemin de la vie.


D. Shalless
17 rue de Bath

Battery Pt.

Hobart


Si vous trouvez ce livre, merci de le renvoyer à

Mrs W.Brown

« Club Hotel »

Main Rd.

Glenorchy

Hobart,

Tasmania
Australie

Journal de A.P. Brown

Février 1916



Arrivé au camp Clairemont à Hobart, Tasmanie le 16 février 1916.

Classes faites à l’école n°3 des sous-officiers du 11 avril jusqu’au 5 mai 1916.


Promu caporal le 10 mai.

Assigné au Peloton n°7, Compagnie B le 14 mai 1916.


En charge de la section n°12.

14 hommes, la plupart sont de bons gars.


Le bateau est arrivé le 29 juin 1916 à Hobart. Il s’appelle le « Bermima » et jauge 10 000 tonnes. Embarquement prévu le samedi 1er juillet.

Ça fait 4 jours que le temps est humide et que c’est le bazar. On s’est bien amusés au camp et on avait le moral.

Départ de Clairemont le samedi 1er juillet 1916 à 13 h 30. Il pleut des cordes. Embarquement à bord du « Bermima » le 01/07/16 à 14h et appareillage à 19 h 30 le 02/07/16 sous la pluie.

2 juillet — On fait bon voyage pour l’instant. Un seul de mes hommes est malade mais la plupart des autres se sentent patraques. Pendant un moment je ne me suis pas senti très bien, mais ça va mieux maintenant.


3 juillet — Le voyage se déroule bien. La mer est une mer d’huile.

4 juillet — Arrivée à Melbourne à 7 h 30 et après avoir embarqué 360 troupes (artillerie et infanterie), on repart à 12 h 30. On est 1 650 à bord. On s’attendait à descendre à terre mais tout le monde a été vite déçu quand on nous a interdit de quitter le bateau. Apparemment, on se dirige vers Fremantle.

5 juillet — On a été secoués aujourd’hui. Presque tout le monde se sentait malade. Rien que de voir l’état de certains gars peut donner envie de vomir.

6 juillet — Beaucoup plus calme aujourd’hui.

7 juillet — La pire journée que nous ayons eu depuis le début du voyage. Les vagues déferlent par-dessus bord.

8 juillet — Pas trop de mauvais temps aujourd’hui. On est sortis du golfe.

9 juillet — Journée magnifique. Tout le monde a dû mettre son uniforme pour la messe. On devrait accoster à Fremantle aujourd’hui, comme on a plusieurs cas de rougeole à bord. On a croisé deux bateaux jusqu’à maintenant. Ce matin, terre en vue. C’est la première fois depuis notre départ de Melbourne.

10 juillet — Bonne journée.

11 juillet — On a dû rester dans la cale car il pleuvait trop fort. Tout le monde a commencé à apprendre l’alphabet sémaphore aujourd’hui.

12 juillet — Bonne journée. Premier jour de toilette. On ne s’est pas arrêtés à Fremantle. Déçus.

13 juillet — Bonne journée.

14 juillet — Merveilleux voyage.

15 juillet — On fait toujours bon voyage.

16 juillet — (Dim) Messe sur le pont.

17 juillet — Jour de toilette.

 18 juillet — J’ai vu une baleine. Elle était plutôt proche du bateau, à une trentaine de mètres.

19 juillet — Très bonne journée.


20 juillet — Encore une bonne journée.


21 juillet — Un jour typique d’été. La température commence à monter. On a reçu notre première paye aujourd’hui, 10£ par personne.

22 juillet — Journée un peu agitée.

23 juillet — Journée agitée.

24 juillet — Journée un peu plus calme.

25 juillet — Belle journée.

26 juillet — Côtes africaines en vue à 17 h. C’est la première fois qu’on voit la terre depuis qu’on a quitté Melbourne.

27 juillet — Bonne journée. Terre toujours en vue. On devrait arriver au Cap vers 10 h et comme on a reçu l’ordre de mettre nos uniformes, je pense qu’on va avoir une permission. Arrivée au Cap vers 12 h. L’endroit est très joli, mais très vallonné. Les plaines doivent se trouver à plusieurs kilomètres d’ici.

28 juillet — On est restés sur la rivière jusque 18 h. Le bateau vient d’accoster, mais interdit de descendre.

29 juillet — Tout le monde est excité comme on va faire une marche d’entraînement à 9 h.

30 juillet — On est allés marcher hier puis on a rompu les rangs jusqu’à 22 h 30. On a eu une vue complète des environs. Le Cap est un endroit très sale à cause de sa population noire. Très peu de personnes blanches dans les rues. Aperçu de l’intérieur de plusieurs bâtiments dont des immeubles de sociétés, l’institut des chemins de fer et la demeure de Cecil Rhodes. Quelques très beaux immeubles de pierre dans la ville. On est allé gratuitement assister à une représentation de Rob Roy. Toutes les personnes rencontrées ont été très sociables. Il y a 4 autres transports de troupes et environ 1 000 soldats.

31 juillet – Encore une autre marche ce matin et retour pour le diner. Autorisation de descendre à terre jusque 23 h 30. On a assisté à un concert. Places gratuites pour les soldats. Le bateau s’est avancé dans la rivière la nuit dernière.

Août 1916

1 août — Après être restés dans le port toute la journée hier, on a appareillé à 9 h en compagnie d’un croiseur et 2 autres navires de troupes. Le croiseur s’appelle le « Kent. »

4 août — On fait bon voyage. On navigue les lumières allumées maintenant pendant la nuit. Les deux autres bateaux qui nous accompagnent transportent des troupes néo-zélandaises.

6 août — On passe un merveilleux voyage. La mer est d’huile et le bateau n’a pas l’air de bouger.

9 août — La température est étouffante ces derniers jours. Presque tout le monde est en bermuda. Aujourd’hui, c’était le passage de l’équateur. On s’est bien amusés. Il y a eu un tribunal, comme d’habitude. Shrewdy Wilson a été désigné roi Neptune. Le Lord Colonel a été accusé de cruauté envers des animaux stupides. Presque tout le monde a fait trempette dans le point d’eau installé à cet effet.

10 août — Journée très chaude. On se balade tous en manches courtes.

13 août — On doit arriver à Dakar demain.

14 août — Arrivée au port à 9 h. L’endroit est très joli. La ville n'est pas très grande et l’eau n’est pas assez profonde pour que les grands bateaux s’amarrent au quai, donc on doit s’arrêter dans le port. Le « Kent » nous a laissés pour aller chercher d’autres troupes. Beaucoup de nègres ici. Ils viennent à la nage du rivage à 800 mètres de là et plongent pour aller chercher les pièces que les gars lancent dans l’eau.

15 août — On a quitté Dakar ce matin à 6 h. Personne n’est allé à terre. Un autre croiseur est avec nous, il s’appelle « L’Opah ». On a pris un canon de 3 pouces avec nous. On devrait atteindre l’Angleterre dans 10 jours.

16 août — On a une escorte sous-marine maintenant en plus des navires de surface.

17 août — Premier décès aujourd’hui à bord. Un jeune qui s’appelait Roach. Il est mort d’une pneumonie.

18 août — Le corps de Roach a été immergé à 15 h 30. Je n’ai pas pu voir toute la cérémonie comme j’étais de garde.

21 août — « L’Opah » nous a quittés ce matin et 3 contre-torpilleurs ont pris sa place. On doit arriver en Angleterre demain.

22 août — Terre anglaise en vue à 6 h 30. Arrivée à Plymouth à 12 h. C’est la plus grande ville où on s’est arrêtés jusqu’à présent et le port est rempli de toutes sortes de vaisseaux de guerre. On a dû attendre jusque 17 h ; et ensuite on a pu accoster sur le quai. Une fois partis du bateau, on a pris le train directement. Beaucoup de monde sur les quais et nous avons été bien accueillis. Les rations à bord du bateau s’élevaient à 25 carcasses de mouton et 10 palerons de bœuf. On a quitté Plymouth pour Salisbury Plain à 22 h 15 pour arriver à Exeter, qui est à mi-chemin, à 1 h du matin. Là, on nous a tous donné un petit pain et une tasse de thé par la mairesse de la ville. Beaucoup de monde nous a acclamés sur la route. Après avoir voyagé toute la nuit, on est arrivés à Salisbury à 5 h 30 du matin, puis on a dû marcher 3 kilomètres jusqu’au camp. On était vraiment épuisés quand on est arrivés et on a dû s’asseoir pour manger du corned-beef et des biscuits pour le petit déjeuner. Le camp ressemble à un grand village et de ce que j’ai vu, il a l’air aussi grand que Hobart. Je viens d’entendre qu’on va avoir une paire de jours de vacances vendredi.

24 août — On a une permission de 4 jours à partir de lundi. On a eu une journée d’entraînement et c’est vraiment du solide. Il y a environ 1 500 000 hommes ici. 39 000 Australiens. C’est un camp de 65 kilomètres carré. Il faut vraiment se tenir à carreaux.

29 août — Arrivée à Londres aujourd’hui à 11 h. On a passé l’après-midi à prendre le bus. Il n’y a pas beaucoup de trams ici mais le trafic est horriblement lent.

30 août — Il pleut des cordes. Très bonne journée hier. On s’est baladés à Hyde Park, au zoo et dans d’autres endroits. Tout semble être beaucoup plus cher qu’en Australie. Un repas coûte entre 2£ et 2£6. On est allés voir une pièce de théâtre ce soir. C’était pas mal.

31 août — Il pleut encore. On est allés à la Tour de Londres. Le bâtiment est très vieux et les gardiens nous ont fait un topo de l’endroit. On a visité Hyde Park et le Marble Arch dans l’après-midi. On s’est perdus plusieurs fois mais c’est assez facile de s’y retrouver en demandant à un policier. Londres est plongé dans le noir le soir.

Septembre 1916

1 septembre — On est allés à Buckingham Palace voir la relève des gardes. Ma parole, ils sont impressionnants ! On a vu la statue de la Reine Victoria. C’est le plus beau monument qu’on ait vu. Ensuite on a visité la Cathédrale. Le hall principal est aussi grand que la grande route et le bâtiment est aussi long que du club jusqu’à Johnnie Hixons. Après le dîner, on est allés voir les personnages en cire à Madame Tussauds. Les statues sont très réalistes et on les a prises plusieurs fois pour des gens qui visitaient. Presque tout le monde porte des manteaux.

2 septembre — De retour au camp à 2 h et réveil comme d’habitude à 6 h. Tout le monde est crevé mais c’est la routine.

4 septembre — J’ai été sélectionné pour aller dans une école de combat à la baïonnette de Tidworth.

6 septembre — Après deux jours à l’école, je suis épuisé. Ça faisait deux mois que je n’avais pas fait d’exercice et ici c’est du solide.

11 septembre — Permission ce week-end et balade à Londres. On s’est bien amusés.

15 septembre — De retour au camp à 18 h après la fin de l’école. Les choses ont un peu changé depuis que je suis parti. À peu près 200 soldats du 40ème (Bataillon) ont été envoyés en renforts. Sur les 14 que j’ai laissés en Tasmanie, il n’en reste que 8.

19 septembre — On m’a promu sous-officier dans une compagnie d’éclaireurs. Tout le monde pense qu’on a peu de chances de rentrer à la maison. Le Capitaine Cruikshrank m’avait d’ailleurs dit « Ta vie sera joyeuse, mais courte. » Très encourageant, n’est-ce pas ? Mais je suppose que c’est du pareil au même.

23 septembre — Ça fait 1 mois que nous sommes en Angleterre. Je ne pense pas trop de bien de cet endroit. Plutôt déçu de ce que j’ai vu jusque maintenant. Depuis qu’on est arrivés ici, on est à moitié affamés.

27 septembre — On a marché 3 kilomètres jusqu’à Bulford, et le Roi nous a passés en revue. Il y avait 50 000 troupes à inspecter et c’était un beau spectacle, même si la journée était maussade. 3 divisions d’infanterie et brigades d’artillerie.


Octobre 1916


2 octobre — Toute la brigade est restée dans les tranchées pendant 4 jours. Il pleut des cordes. Si au front c’est pire que ça, alors on va morfler.

3 octobre — C’est mal barré. On n’a pas même pas encore eu un bon repas. Pour le dîner, on a eu un morceau de pain et de la confiture, pour le thé, 2 morceaux de pain et un morceau de viande aussi gros qu’une tourte avec une lichette de thé. On n’a pas le droit de prendre d’eau avec nous. La nuit, on est cantonnés dans une étable et serrés à 28 alors qu’on devrait être à 20 là-dedans.

4 octobre — 3 h du matin. Une alarme nous a réveillés et il y a une pluie torrentielle dehors. En fait, depuis qu’on est ici, il n’a pas arrêté de pleuvoir, donc vers 16 h on se retrouve trempés. On est repartis au camp comme les tranchées sont trop trempées, contrairement à ce que les supérieurs avaient prévu. On est contents de retourner à la maison (à Salisbury).

5 octobre — Du courrier est arrivé. J’ai reçu une lettre de Dot. Aucune de chez moi. Je ne comprends pas pourquoi. Je n’ai pas encore reçu de nouvelles de la maison. Ça fait 6 lettres de Dot et des papiers. Heureusement que je l’ai rencontrée avant de partir. Je suis convaincu que c’est une bonne fille.

7 octobre — Une autre semaine à Londres, mais le temps pluvieux était plutôt ennuyeux.

9 octobre — Mon baraquement a été placé en quarantaine pour cause d’oreillons. Il y a eu une épidémie et presque toutes les cabanes ont été placées en quarantaine. Ça devrait au moins durer deux semaines.

18 octobre — Comme on n’a passé que 2 jours dans les tranchées, il nous en reste 4. On commence ce matin dans les tranchées et il pleut encore des cordes. On dirait que le destin veut qu’on pourrisse dans les tranchées.

Novembre 1916

4 novembre — Lady Ellison McCartney nous a rendu visite à Larkhill. Il pleut des cordes. Ça fait deux semaines qu’il pleut et la boue nous monte jusqu’aux chevilles.

8 novembre — On a été inspectés par le Brigadier aujourd’hui et on avait pris des choses inutiles dans nos bardas. La rumeur dit qu’on va partir pour la France le 23. Permission de 4 jours le jeudi 15. Ce sera nos derniers jours en Angleterre.

18 novembre — On vient de rentrer de nos vacances. On a passé un bon moment. On est allés à Sheffield. On était 5, il n’y avait pas eu beaucoup d’Australiens là-bas donc ça a apporté un peu de nouveauté. En tout cas, nous étions désolés de partir.

19 novembre — Le temps est affreux. Il neige comme jamais.

20 novembre — Il a neigé toute la nuit et on a 5 à 7 centimètres. On a dû travailler toute la journée pour se préparer à partir. On devrait partir jeudi.

21 novembre — Ça fait tout juste 3 mois que nous avons accosté et demain nous partons pour la France. Tout le monde est content qu’on reparte.

23 novembre — Partis du camp à 12 h et montés à bord du train. Partis de la station à 15 h 15. Arrivée à Southampton à 17 h 30 et nous avons tout de suite embarqué. On est serrés comme des sardines.

24 novembre — Arrivée au Havre à 2 h 30. Nous avons quitté l’Angleterre à 18 h et on a fait bonne traversée, même si beaucoup ont eu le mal de mer. Partis du bateau à 9 h et après avoir marché 8 kilomètres avec nos bardas, on est arrivés à un camp de repos. On doit rester ici jusque demain matin. Nos kits pèsent 35 kilos et on en avait bien marre quand on est arrivés.

28 novembre — Debout à 5 h 30 et partis à la gare à 18 h. Distance 6 kilomètres. Partis du Havre à 11 h pour Armentières. 42 h de train. Arrivés à Merris à 4 h du matin. Épuisés. On est 30 dans un fourgon à bestiaux et y’a pas assez de place pour s’allonger. On entend le bruit des armes à feu au loin. La première ligne est à une dizaine de kilomètres. On s’amuse bien à essayer de parler français.

Décembre 1916


2 décembre — Partis de Merris à 9 h 30 du matin et après avoir marché 15 kilomètres nous sommes arrivés à Armentières à 16 h 30. On devrait aller dans les tranchées dans un jour ou deux. Au vu de son état la ville a subi de terribles bombardements. Beaucoup de maisons n’ont plus de toit. On est seulement à 2 kilomètres de la première ligne.


5 décembre — On a eu notre première expérience de la première ligne aujourd’hui. Tout le bataillon était en tenue de combat. Notre boulot était de transporter des bouteilles de gaz vides. La plupart d’entre nous se sont fait tirer dessus, mais il n’y a pas eu de pertes.


8 décembre — Les éclaireurs sont arrivés dans les tranchées aujourd’hui et moi et un autre éclaireur devons aller sur le no man’s land ce soir, à minuit. Au cas où je ne reviendrai pas, ceci est mon adieu.


9 décembre — De retour sur le no man’s land ce soir. Les tireurs sont très actifs et on a dû rester discrets.


10 décembre — Trop de neige ce soir donc on n’est pas montés. J’ai failli être réduit en miettes ma première nuit de sortie. Juste après notre retour du no man’s land, les Fritz ont commencé à balancer des obus à 5 mètres de nous et on a dû les éviter pendant au moins un quart d’heure.


15 décembre — On vient juste de sortir des tranchées pour un court moment. C’est assez éprouvant sur le no man’s land et je serais heureux d’avoir un peu de répit. Demain, on va prendre un bain. Ça tombe à pic, comme on n’a pas pu se faire une bonne toilette depuis qu’on est arrivés dans les tranchées.


19 décembre — Une autre tempête de neige aujourd’hui et il fait très froid.


20 décembre — De retour dans les tranchées aujourd’hui.


23 décembre — Monté chaque nuit mais rentré sain et sauf.


24 décembre — Veille de Noël. Il pleut fort mais on a quand même dû monter. Ma parole. J’aimerais tellement être en Tasmanie en ce moment.


25 décembre — Jour de Noël dans les tranchées. Je pensais que j’aurais un petit répit mais pas du tout. Sorti aujourd’hui et en charge d’une patrouille, un gars s’est blessé au poignet. Ce n’est pas très sérieux donc il est chanceux. J’aurais aimé être à sa place. On n’a pas encore eu de colis ou de boîtes cadeau, donc c’est dur d’être positif. On s’attendait à avoir une sorte de paquet pour Noël, mais la vie est pleine de déceptions.


26 décembre — Lendemain de Noël. Il a beaucoup gelé ce matin.


27 décembre — De nouveau sorti des tranchées pour un petit moment. Heureux de sortir comme nous n’avons pas encore eu notre Noël.


28 décembre — Temps exécrable.


Janvier 1917


1 janvier — Toujours dans les cantonnements et journée très calme.


3 janvier — De retour dans les tranchées. Les Fritz sont beaucoup plus énergiques que d’habitude.

4 janvier — Les Fritz nous ont bombardés encore ce soir et c’était horrible. J’ai eu chaud plusieurs fois et je n’aurais jamais pensé survivre. Notre front s’est beaucoup activé récemment et je pense que nous allons passer à l’action bientôt.

9 janvier — Repos pour quelques jours et bien heureux d’être sorti. Je suis au bord de la crise de nerfs.

13 janvier — De retour dans les tranchées.

15 janvier — Il a commencé à neiger aujourd’hui et il fait un froid atroce.

18 janvier — Il a neigé pendant 4 jours et il y a 30 centimètres de neige.


19 janvier — Sorti des tranchées aujourd’hui et la plupart d’entre nous sont épuisés. On devrait être en repos pendant 3 semaines mais je suppose qu’on va devoir faire des corvées.


26 janvier — De retour dans les tranchées. On a dû vite revenir. Je ne sais pas pourquoi.

31 janvier — Les Fritz ont fait une autre attaque ce soir mais ça n’a pas fonctionné. Moi et ma patrouille nous étions sur le front quand l’artillerie a commencé à tirer et j’ai pensé que ce serait la fin, mais on a réussi à rentrer. Quand tout était fini, nos propres hommes nous ont tirés dessus en pensant que nous étions des Allemands, mais personne n’a été touché. C’est la 2ème fois qu’on se fait tirer dessus par notre propre camp.

Février 1917

3 février — Ça fait deux semaines qu’on a de la neige. Il ne fait pas assez chaud pour qu’elle fonde. Ça rend notre travail sur le front difficile.

5 février — A nouveau éloignés des tranchées, mais seulement pour 3 jours. On a perdu 15 à 20 hommes cette fois.


7 février — On a reçu notre colis de Noël aujourd’hui. Ils sont partis de Tasmanie en octobre.


8 février — Pudding de Noël aujourd’hui mais il était à moitié moisi. Je ne pense pas qu’il y en ait un seul bon dans tout le lot. Ils ont été faits par Haywoods.


10 février — De retour dans les tranchées ce soir.

12 février — Le 40ème Bataillon a fait une attaque ce soir mais ce n’a pas été un succès. Résultat = 1 officier tué. 1 Blessé, 1 homme tué. C’était notre seconde attaque.

14 février — Le plus gros bombardement qu’on ait eu. Il fallait parler bien fort pour qu’on s’entende. Le temps se réchauffe.

16 février — Ça fait 12 mois depuis que je suis entré au camp. J’aurais aimé être là-bas comme c’est l’enfer sur terre ici. Les Fritz nous ont menés la vie dure depuis que nous sommes dans les tranchées. À intervalles réguliers ils envoient des obus qu’on appelle des « minnies gémissant » (minenwerfer). Quand ils tombent au sol, ils ouvrent des trous de 3 mètres de profondeur sur 6 mètres de long. On en a marre d’eux et de la guerre.

20 février — Sorti pour quelques temps.

22 février — Les éclaireurs du bataillon ont été séparés et on est tous revenus dans nos compagnies. On va faire les mêmes corvées qu’on a faites jusqu’à maintenant.

25 février — De retour dans les tranchées aujourd’hui pour 6 jours, puis repos de 2 semaines. Ensuite on s’attend à aller sur un autre front. Le temps se réchauffe pas mal. Pour la première fois depuis longtemps, le soleil brille.

Mars 1917

2 mars — Sorti pour un petit moment.

6 mars — De retour dans les tranchées ce soir. On vient d’avoir des ordres pour se tenir prêts à bouger sur un nouveau front, à 20 kilomètres d’ici.


7 mars — On bouge à partir de 12 h.


9 mars — On n’est pas allés loin hier, mais on a continué d’avancer sur 15 kilomètres aujourd’hui et la marche nous a épuisés. Ça faisait 3 mois qu’on n’avait pas marché. Les forces de la Compagnie B s’élèvent à 130 sur les 225 quand on a quitté Larkhill. Bien entendu nous avons reçu notre 3ème renforcement. 90 seulement font partie du 40ème bataillon d’origine. On est de nouveau à l’abri des canons ce soir et ça fait du bien.


11 mars — Depuis notre arrivée, nous n’avons fait que nous reposer. On se prépare à la grande offensive dimanche. On va à l’église aujourd’hui, pour la première fois depuis qu’on est en France.


14 mars — De toutes les familles que nous avons côtoyées, celle qu’on vient de rencontrer est la plus gentille. Deux ou trois d’entre nous ont passé la soirée avec eux avant d’aller dormir. Notre cantonnement est à Nooteboom (Bailleul).


18 mars — Apparemment, on va marcher 58 kilomètres demain. On regrette de partir. On a passé des bons moments avec nos amis français. Un avion Fritz nous a survolés la nuit dernière mais il n’est pas revenu. Ils ont lâché des bombes sans faire de dégâts.


21 mars — On bouge de nouveau. 18 kilomètres aujourd’hui. Borre.


22 mars — On a fait 30 kilomètres aujourd’hui. Arrivés à Lynde ce soir.


23 mars — On a fini notre voyage. 19 kilomètres aujourd’hui. En tout, ça nous fait 64 kilomètres depuis la ligne de front. On reste 2 semaines et après on revient. Presque tout le monde avait les pieds en compote.


27 mars — Promu Sergent aujourd’hui. On est allés aux bains à St. Omer et on a vu pas mal de prisonniers Fritz se baigner.


Avril 1917


2 avril — Il a commencé à neiger aujourd’hui.


3 avril — Il a dû neiger toute la nuit. 30 centimètres de neige au sol.

5 avril — On est partis de St. Omer pour Arkes (Arques) et on a fait 6 kilomètres.

6 avril — Vendredi Saint. On est partis d’Arques aujourd’hui pour les tranchées en train, jusqu’à Steenwerck. On a marché sur 10 kilomètres et on est arrivés à Armentières à 16 h. On ne pensait pas revoir cet endroit un jour, mais on sera là un peu plus longtemps et ensuite on va monter à l’assaut.

9 avril — De retour dans les tranchées. C’est plutôt calme, pour l’instant.

13 avril — Trois d’entre nous sont montés jusqu’aux barbelés allemands. C’est la première fois qu’on est aussi proches.

14 avril — On n’est pas en service aujourd’hui.


16 avril — Les Fritz nous ont encore attaqués ce soir, Mais comme d’habitude ça n’a pas fonctionné. C’est leur troisième attaque.


19 avril — Tout le bataillon s’est rendu au Y.M.C.A. aujourd’hui pour un concert. Il y avait beaucoup de monde.


21 avril — On change de tranchées pour aller à 19 kilomètres d’ici. C’est l’un des coins les plus chauds de toute la ligne d’Armentières. On n’espère rester que quelques temps avant de monter à l’assaut.


24 avril — De retour dans les tranchées, cette fois-ci en renfort à Ploegsteert. Il paraît que c’est un coin chaud. On va sûrement aller de l’autre côté, dans deux semaines environ.


28 avril — Il fait chaud depuis plusieurs jours et on dirait nos étés. J’aurais aimé être à la maison.


29 avril — On a vu un avion Fritz se faire descendre par l’un des nôtres aujourd’hui. C’est le premier combat aérien que j’aie vu. On était très excités.


30 avril — Je suis arrivé en première ligne ce soir.


Mai 1917


2 mai — Tout est calme au front pour l’instant.


11 mai — Je n’ai fait qu’envoyer la compagnie B en éclaireur depuis qu’on est dans le pays. Je les ai fait sortir 20 par 20. Tous les autres éclaireurs d’origine sont repartis à la compagnie donc je travaille tout seul maintenant.

13 mai — Je viens d’envoyer des éclaireurs et on a tiré 16 000 obus.

17 mai — Encore plus d’obus ce soir.

19 mai — J’ai envoyé des éclaireurs pour aller jeter un œil aux barbelés ce soir. Le bataillon va lancer une attaque et on cherche des failles.

20 mai — De nouveau sur le front ce soir. Le reste de la compagnie a tiré des obus jour et nuit depuis qu’on a quitté les tranchées. On se prépare à l’attaque. Ça devrait être d’une seconde à l’autre.

21 mai — J’ai vu un gars de la division de Charlie aujourd’hui donc on devrait se soir bientôt.


22 mai — Charlie est venu me voir aujourd’hui. Je ne l’ai pas reconnu comme il s’est fait pousser la moustache. On s’est parlé pendant 2 heures. Il campe à 15 kilomètres d’ici.


27 mai — On m’a fait Sergent Major de Commandement pour la grande offensive.

29 mai — On s’est rapprochés un peu plus près de la ligne. Le 40ème bataillon va monter sur juste une partie de la ligne. Nous pensons monter à l’assaut dans environ une semaine

31 mai — L’artillerie s’active de plus en plus chaque jour. Il y a une centaine de canons maintenant.

Juin 1917

2 juin — Presque tous les canons sont en service et il faut hausser la voix pour s’entendre parler. Je pense qu’on a encore 3 jours avant qu’on monte. Il y a tellement de coups de feu que le sol vibre comme s’il y avait un tremblement de terre.

3 juin — On a eu notre première expérience du gaz aujourd’hui. Plusieurs se sont fait prendre.

4 juin — Plus de gaz aujourd’hui.


6 juin — On a préparé nos affaires pour monter d’un instant à l’autre. Je pense qu’on va partir avant demain. Au cas où je ne reviendrais pas, ceci est mon au revoir.

8 juin — Comme je m’y attendais, on est montés à l’assaut à 3 h 10 du matin. C’est difficile de décrire ce qu’on ressent quand on monte. Les Allemands courent pour leur vie. J’en ai capturé 3 à moi tout seul dans un abri. Ils étaient terrifiés.

9 juin — On est sortis des tranchées aujourd’hui. J’ai perdu mon meilleur ami J. Mason hier. Il était blessé. Je serais adjudant maintenant.

11 juin — On a eu deux ou trois jours de repos mais on repart demain.

14 juin — On fait des corvées aujourd’hui.

20 juin — Toujours des corvées. La nuit dernière les Fritz ont fait exploser une de nos décharges. Il s’en est fallu de peu.

23 juin — On bouge encore demain.

26 juin — On s’entraîne pendant 18 jours, comme à Clairemont. C’est monotone.

28 juin — L’officier général commandant en chef nous inspecte aujourd’hui.

30 juin — Toujours de l’entraînement aujourd’hui. Y’en a marre.

Juillet 1917


2 juillet — C’est l’anniversaire de notre départ de Tasmanie. Ressenti 12 ans plutôt que 12 mois.

3 juillet — On nous a dit de nous préparer à partir pour l’Angleterre. Naturellement, je n’arrive pas à penser à autre chose.

4 juillet — Ma permission a été décalée d’une semaine.

9 juillet — On a quitté Bailleul pour Boulogne à 15 h et arrivés à 21 h et partis pour un camp de repos jusqu’à demain.

10 juillet — Partis des quais à 12 h et arrivés à Folkstone à 14 h 30. On s’est fait escorter par des contre-torpilleurs et des ballons pendant qu’on traversait la Manche. Arrivés à Londres à 21 h 30 et on a rencontré quelques gars du 40ème devant l’hôpital. Ils ont été touchés à Messines

11 juillet — Parti à Epson aujourd’hui pour voir J. Mason mais il venait juste de quitter l’hôpital et j’ai eu de la chance parce que je l’ai croisé quand je suis revenu à Londres.

12 juillet — On est allés à Brighton aujourd’hui et on y est restés toute la nuit. J’ai pris un paquet d’un gars en France pour sa famille. Brighton est une très jolie ville.

13 juillet — De retour à Londres vers 12 h et départ avec Jack pour l’Écosse à 23 h 30. Le train s’appelle « L’Écossais Volant » et voyage à 110 km/h.

14 juillet — Arrivés à Glasgow à 13 h et après dîner on s’est promenés en ville. C’est les vacances alors la plupart des magasins sont fermés.

15 juillet — Partis au Loch Lomond aujourd’hui, à 20 kilomètres. Le paysage est magnifique.

16 juillet — On est allées à Rothesay aujourd’hui. À peu près 2 heures de train et 20 minutes de bateau. Rothesay est une petite île et beaucoup de gens y sont en vacances.

17 juillet — On a passé une bonne journée hier, donc on reste jusqu’à demain.

18 juillet — Partis à 7 h pour Glasgow. On a passé un bon moment et on n’a vu qu’un seul homme en kilt en Écosse. Partis pour Londres à 13 h et arrivés à 11 h 30.

19 juillet — Allés à Kingston aujourd’hui. Un point d’eau à 19 kilomètres de Londres. On s’est arrêtés seulement quelques heures et on est rentrés à l’heure pour le théâtre.

20 juillet — Pointage à la station à 7 h 30. Prêt pour partir en France. C’est dur de partir mais je dois rentrer. Arrivés en France à 17 h. Embarquement dans le train à 14 h le 21 et rentrés à Bailleul à 11 h 30. On a dû marcher 10 kilomètres avant que je trouve le bataillon, comme il avait bougé. Trouvés à 20 h 30 dans les tranchées.

22 juillet — C’est le coin le plus chaud où nous avons été en service et c’est difficile de s’y faire après avoir goûté au calme de Londres. On est juste à gauche de Messines.

25 juillet — Environ 15 hommes ont été gazés aujourd’hui. Il reste seulement 400 hommes du bataillon maintenant et on a besoin de renforts.

27 juillet — Il y a une rumeur qui court comme quoi on bouge demain. J’espère que c’est vrai.

Août 1917

3 août — On bouge demain après 15 jours dans les tranchées.

4 août — C’est le 3ème anniversaire de la guerre aujourd’hui et on n’a pas l’air plus proche de la fin que lorsqu’on est arrivés ici.

5 août — Sortis hier et on ne regrette pas comme il a plu pendant 4 jours. On a de la boue qui nous monte jusqu’aux genoux dans les tranchées. Tous les abris se sont effondrés comme le sol a été secoué par les obus.


8 août — 14 jours d’entraînement à partir d’aujourd’hui.

12 août — On bouge encore. Cette fois, on va à 50 kilomètres à l’arrière.

13 août — On a fait 30 kilomètres de train hier et ensuite on a dû marcher 10 miles (environ 15 kilomètres). On en avait ras-le-bol comme ça faisait longtemps qu’on n’avait pas marché. On a été cantonnés à Bécourt. 40 Australiens sont déjà venus ici.

14 août — Repos toute la journée aujourd’hui.

18 août — On passe un bon moment ici. On travaille seulement 5 heures par jour. Souvent, on fait de la marche d’entraînement. Très calme ici.

26 août — Toujours à Bécourt et on ne fait rien de particulier.

Septembre 1917


4 septembre — Inspection par le Brigadier Mc. Nichol aujourd’hui. Il a dit que c’était le meilleur qu’il ait pu voir depuis qu’il est arrivé en France. La Compagnie B a été spécialement mentionnée.


10 septembre — Marche d’entraînement aujourd’hui. 25 kilomètres. On est crevés.

14 septembre — Journée cloué au lit avec un mal de dos. Première fois que j’ai dû m’arrêter depuis que je me suis engagé.

18 septembre — Inspectés aujourd’hui par Sir Doug Haig.

24 septembre — La rumeur dit qu’on retourne dans les tranchées demain.

25 septembre — On bouge aujourd’hui, marche de 20 kilomètres.

26 septembre — Marche de 30 kilomètres aujourd’hui et nos pieds sont en compote.

27 septembre — On bouge de nouveau. Seulement 15 kilomètres de marche aujourd’hui mais c’était assez avec toutes nos affaires. On a des ampoules aussi grosses qu’une demi-couronne, ça fait mal. La ligne de front est à 15 kilomètres et je pense qu’on va monter à l’assaut d’ici peu.

28 septembre — On a fait 8 kilomètres aujourd’hui.

29 septembre — J’ai choisi les hommes qui vont monter et on m’a exclu. Les adjudants ont l’interdiction d’y aller. J’aurais voulu monter, et d’ailleurs j’ai demandé à y aller mais ce n’était pas la peine.

30 septembre — Je vais à l’école aujourd’hui.

Octobre 1917

1er octobre — Arrivé à l’école aujourd’hui pour 5 semaines. C’est plus pour les officiers. J’ai entendu que je serais désigné Sergent Major de Commandement quand je serais de retour.

2 octobre — Ça fait une semaine que je suis parti et je ne regrette pas. Ça fait une bonne pause.


3 octobre — J’ai une suspicion de gale mais je ne veux pas aller à l’hôpital si ce n’est que passager.

19 octobre — Impossible ! J’ai dû aller à l’hôpital aujourd’hui. Je me suis gratté jusqu’au sang.

20 octobre — Je suis dans le 4ème hôpital stationnaire d’Arques, à 5 kilomètres de St. Omer. La nourriture n’est pas exceptionnelle pour l’instant. Il n’y en a pas assez.

21 octobre —Visite d’un Fritz en avion la nuit dernière. C’est la cinquième fois qu’il a bombardé St. Omer. La dernière fois, il a tué 4 infirmières de l’hôpital. Les gens ici s’attendent à ce qu’il revienne à chaque nuit de pleine lune. C’est horrible de voir combien ils sont terrifiés.

22 octobre — Sorti de l’hôpital aujourd’hui et je retourne à l’école.

24 octobre — Je retourne à Boulogne demain.

28 octobre — Parti à Boulogne hier et j’ai passé un bon moment. C’est à 40 kilomètres d’ici et on y est allés par autobus. Partis à 17 h 30 et rentrés à 21 h 30. Ça fait environ 2 h 30 de route.

29 octobre — L’école se finit demain.

31 octobre — On retourne au bataillon demain.

Novembre 1917

3 novembre — De retour au bataillon aujourd’hui. Seulement 17 des 40 de notre peloton sont là. Ça doit suffire à faire pleurer n’importe qui.

4 novembre — J’ai eu le choc de ma vie aujourd’hui. L’officier commandant m’a dit qu’il m’avait recommandé pour une commission. Je ne me suis pas attendu à ça. Je suis allé voir le Brigadier aujourd’hui.

5 novembre — Je continue en tant que Sergent Major de Commandement jusqu’à ce que les ordres viennent de la commission.

6 novembre — Promu Sergent Major de Commandement aujourd’hui. (Dans l’armée australienne le « Command Sergeant Major » est le plus élevé des adjudants d’une compagnie, d’un escadron ou d’une batterie. Il a un rôle de direction supérieure centrée sur la formation, le bien-être et la discipline dans une sous unité pouvant représenter jusqu’à 200 soldats). Partis de Bécourt aujourd’hui pour la première fois. Le voyage des Tommies se fait en bus !

11 novembre — Arrêt à la Motte hier soir.

12 novembre — De nouveau en route.

13 novembre — Arrivés au camp hier soir et on est là pour 8 jours.

14 novembre — Le colonel vient de me dire que ma commission est arrivée, donc à partir d’aujourd’hui je suis le Lieutenant Brown. Tout le monde dans la compagnie m’a félicité et je pense qu’ils sont contents.

18 novembre — Ça fait horriblement bizarre d’être parmi les autres officiers et je ne me sens pas à ma place. Ce sont de bons gars et je pense que ça ira mieux avec le temps.

20 novembre — Le bataillon s’est rendu sur la ligne aujourd’hui, mais comme il n’y a pas beaucoup d’abris dans les tranchées, 2 officiers vont rester durant 4 jours et ensuite on va échanger. On reste à l’intendance.

23 novembre — Ça fait 12 mois qu’on a quitté l’Angleterre. On m’a envoyé former des soldats pour une attaque sur les tranchées des Fritz. J’ai dû prendre la place d’un autre officier qui est en permission.


27 novembre — Il commence à faire nuit maintenant quand on va de l’autre côté. Je me suis réveillé trois fois pour aller faire un tour. On monte vendredi soir.


30 novembre — On va monter ce soir à 1 h. Il est 6 h et je n’aurais pas d’autres occasions d’écrire avant qu’on monte. Au revoir, au cas où je ne reviendrai pas. Je pense que je vais m’en sortir. Perce.

Décembre 1917

1er décembre — 6 h. Tout juste de retour. Je suis revenu sans une égratignure dieu merci, et on a eu qu’un seul blessé. L’attaque a été un grand succès. La première victoire depuis que le 40ème bataillon a pris du service. On a été félicité par les supérieurs, le Brigadier inclus. Le lieu qu’on a attaqué s’appelle Warreton.

2 décembre — Le commandant du corps d’armée nous inspecte demain.

3 décembre — Je ne suis pas allé à l’inspection. L’officier commandant général a accroché des rubans sur les hommes que j’ai recommandés pour bon travail durant l’attaque. Ils sont bien fiers maintenant. Personne ne semble en faire assez pour moi. Je suis une sorte de célébrité de la semaine.

4 décembre — On est tous retournés au bataillon aujourd’hui.

5 décembre — Dans les tranchées aujourd’hui. J’ai la charge d’une patrouille de combat de 10 hommes et le Lieutenant Général a reçu des paquets de Grace et Elsie hier.

11 décembre — Je passe un bon moment dans les tranchées. Seulement 2 heures de service sur le front la nuit. Le bataillon s’attend à une attaque des Fritz. On s’attend à rester jusqu’au 15 et ensuite on partira pour 1 mois, donc j’espère qu’on sera sortis pour Noël.

16 décembre — Sortis hier. On n’est pas loin du front.

18 décembre — Je vais à la Junior Officers’ School (Ecole des Officiers Subalternes) aujourd’hui. Ça devrait durer un mois.

19 décembre — Je suis à l’école mais ça ne m’intéresse pas trop.

22 décembre — Il a gelé ces 5 derniers jours et il y a 8 centimètres de glace sur les trous d’obus. Il fait très froid maintenant.

24 décembre — On vient de me dire qu’on m’a récompensé de la croix militaire. Pas mal pour un cadeau de Noël. On va à un dîner ce soir.

25 décembre — On vient de dîner. Très bon. Dinde, jambon, pudding aux prunes et plein d’autres choses. Ça change de l’année dernière. Il a recommencé à neiger et 3 centimètres de neige au sol. Le Général Birdwood m’a félicité pour ma récompense. Je vais l’envoyer.

27 décembre — J’ai encore reçu des félicitations aujourd’hui. Cette fois, elles sont du Brigadier Mc Nichol. J’ai tout envoyé à la maison.

9 décembre — J’ai dû aller voir le Général Birdwood aujourd’hui. Il m’a félicité.

Janvier 1918

1er janvier — Nouvel an. Journée très calme. On est tous allés au cinéma cet après-midi parce qu’on nous a donné des places gratuites. Joli spectacle. À peu près 60 soldats en renforts sont arrivés et on avait vraiment besoin d’eux.

7 janvier — Il a neigé toute la journée et il y a à peu près 30 centimètres de neige sur le sol.

10 janvier — École terminée aujourd’hui et j’ai fait une partie de foot. On a fait 8 matchs à l’école et une seule fois battu.

13 janvier — Il a encore neigé la semaine dernière et il y a 15 centimètres au sol. Je dois aller faire l’école à 20 élèves éclaireurs pendant 2 semaines.

27 janvier — J’ai une permission demain.

28 janvier — Partis de Calais à 11 h 30. Je suis arrivé à Douvres à 14 h, et arrivé à Londres à 17 h 30. Je pense rester à Londres jusqu’à demain puis j’irai dans la campagne, donc je vais poster ça avant de partir. J’espère que vous allez bien. Perce. 27/01/18


Janvier 1918


Début d’une nouvelle année. Je me demande si je serais encore vivant l’année prochaine. Bon dîner, mais j’espère avoir le prochain à la maison.


1er janvier — Très calme aujourd’hui. On est toujours à l’extérieur et ça devrait durer jusqu’à la fin du mois.


4 janvier — On en a profité pour faire quelques matchs de foot.

5 janvier — Match contre le 37ème bataillon. Les officiers de l’école des sous-officiers ont gagné.

6 janvier — On aurait dû aller en permission aujourd’hui mais le Brigadier ne voulait pas que je quitte l’école.

7 janvier — Je ne suis pas aussi heureux que je devrais l’être en Angleterre.

8 janvier — Il a commencé à neiger la nuit dernière et il y a au moins 15 centimètres au sol.

9 janvier — On a reçu du courrier de Noël aujourd’hui. On attend nos paquets maintenant. 7 lettres.

10 janvier — On répond aux lettres aujourd’hui.

11 janvier — L’école finit demain. On répond toujours à nos lettres.

12 janvier — École finie et match contre le 38ème bataillon. Les officiers de l’école des sous-officiers ont gagné.

14 janvier — J’ai commencé mes classes aujourd’hui. 6 hommes de chaque compagnie. J’y suis jusqu’au 19.

15 janvier — Il pleut très fort aujourd’hui.

16 janvier — Il a neigé fort aujourd’hui.

17 janvier — Il y a 15 centimètres de neige au sol.

18 janvier — Il a plu toute la semaine et je n’ai pas pu faire ce que je voulais avec les éclaireurs.

19 janvier — École finie. Je dois en commencer une autre la semaine prochaine et je partirai en permission quand ce sera fini.

21 janvier — Nouvelle école aujourd’hui.

22 janvier — Les éclaireurs sont vraiment intéressés. Ils sont plus sympas que ceux de la semaine dernière.

23 janvier — J’ai hâte d’être en fin de semaine.

24 janvier — Toujours à l’école.

25 janvier — L’école se finit demain. Meilleur temps cette semaine.

26 janvier — Les officiers du bataillon ont été pris en photo aujourd’hui. Je vais en permission demain.

27 janvier — Départ pour Bailleul à 11 h 30. 27-01-18.

28 janvier — J’ai quitté Calais pour 11 h 30. Arrivés à Douvres 21 h 15. Londres 5 h 30. On reste à l’hôtel Howarsch (peut-être l’Hôtel Harvard).

29 janvier — J’ai testé l’attaque aérienne la nuit dernière. C’était amusant ! Arrivés à Chester à 6 h 30. L’endroit a l’air très calme. On reste à l’Hôtel Westminster.

30 janvier — On s’est promenés. C’est aussi grand que New Town. Il y a des mûrs un peu partout qu’on utilisait en défenses avant. Ils datent de l’an 1500.

31 janvier — On a fait tout le tour des murs aujourd’hui sur environ 3 kilomètres et il y a un beau pont suspendu au-dessus de la rivière Dee.

Février 1918

1er février — On a fait un tour à la cathédrale. On y a rencontré 2 infirmières de l’hôpital et on est partis voir une pièce de théâtre.

2 février — On s’est promenés dans les jardins. Je pense qu’on va partir demain. Pour 5 jours à Chester, la facture s’élève à £3-8-10 ½ . J’ai acheté beaucoup de nouveaux habits, donc je suis bien équipé.

3 février — Toujours à Chester. Partis à Liverpool aujourd’hui.

4 février — Liverpool a un grand port. C’est très bruyant et sale. On va à Manchester demain.

5 février — J’ai porté un pyjama pour la première fois à Chester. Joli musée à Liverpool. Les quais sont magnifiques.

6 février — Partis de Liverpool à 10 h 23. Arrivés à Manchester à 15 h. À peine arrivé j’ai rencontré des infirmières. Ce sont les personnes les plus joyeuses que j’ai vues depuis un long moment.

7 février — Visite de la galerie et c’est vraiment très joli. Manchester ressemble à Sydney.

8 février — Les gens ici sont vraiment très sociables. Je n’ai pas revu les infirmières. Elles étaient seulement de sortie pour une demi-journée. J’ai visité la manufacture de munitions.

9 février — J’ai rencontré une autre fille et chaque soir je vais voir du théâtre avec elle. Avoir quelqu’un avec qui y aller, ça fait vraiment toute la différence. J’ai envoyé le journal à la maison, ensuite je suis allé voir M. Desmond. On passe un bon moment ici. Demain, retour à Londres.

10 février — Parti de Manchester à 22 h 30. Arrivés à Londres à 5 h.

11 février — Parti de Londres à 7 h 15. Arrivé à Douvres à 11 h et départ à 13 h. Arrivé à Calais à 15 h. On reste là-bas jusque 1 h 30 mardi.

12 février — Arrivé à Bailleul à 17 h et à l’intendance vers 21 h. Le bataillon est sorti des tranchées ce soir, donc je vais les rejoindre demain matin.

13 février — Il pleut des cordes. Comme j’ai eu un temps magnifique et que j’ai passé un bon moment en permission, je regrette d’être revenu.

14 février — J’ai rejoint le bataillon à 15 h et j’ai dû faire sortir une équipe à 17 h, donc ils n’ont pas attendu longtemps pour me donner des choses à faire.

15 février — Ce soir, j’envoie une autre équipe.

16 février — Beaucoup de boue et de travail. Ça fait deux ans aujourd’hui que j’ai rejoint Clairemont. J’ai l’impression que c’était il y a 20 ans.

17 février — Il a gelé ce matin.

18 février — Les spécialistes viennent nous rejoindre ce soir. Je suis officier des éclaireurs.

19 février — Le bataillon est revenu dans les tranchées aujourd’hui. On y est pour 6 jours seulement. En face de Warneton.

20 février — C’est pas mal d’être officier éclaireur. Depuis que je suis en France, j’ai été Caporal des éclaireur, Sergent des éclaireurs et maintenant je suis officier. Il a plu hier.

21 février — Un éclaireur s’est fait tuer ce soir et on a un blessé. Beaucoup d’obus Fritz ce soir. Le secteur a été très calme pendant un moment, donc ça fait quelque chose.

22 février — Aujourd’hui c’est plutôt calme. Encore un éclaireur blessé aujourd’hui. Il a reçu une balle perdue Fritz dans la jambe alors qu’il piquait un sac de charbon de la cuisine (puni !)

23 février — Jour calme aujourd’hui. Je n’ai pas raté un seul jour de reconnaissance sur le no man’s land depuis qu’on est arrivés en France.

24 février — Pas en service ce soir et je suis content d’être sorti. J’envoie un groupe de travail demain à 6 h.

26 février — J’ai fait monter un groupe de travail en face de Warneton. On s’est fait bombarder par notre camp. On a reçu des boîtes cadeau.

27 février — Encore un groupe envoyé aujourd’hui. J’ai reçu un autre paquet aujourd’hui. Que c’est joli ! Tout est en parfait état. C’est parti de Tasmanie le 11/11/17.

28 février — On reçoit notre paye aujourd’hui.

Mars 1918

1 mars — On a campé à Neuve Église.

2 mars — J’espère que notre pause durera plus longtemps que la dernière fois.

4 mars — Le bataillon repart à Lumbres pour un mois aujourd’hui.

5 mars — Partis de Steenwerck hier à 11 h 30 du soir et arrivés à 5 h 30 du matin.

6 mars — C’est calme ici.

7 mars — Temps splendide. J’ai été élu pour représenter la compagnie dans le comité de sport.

8 mars — Le peloton a fait un match de football aujourd’hui. Je suis très fatigué et j’ai plein de courbatures.

9 mars — Encore un match aujourd’hui. Plus de courbatures. On reçoit la paye demain et procession religieuse militaire.

10 mars — On passe la plupart de notre temps à aller en récréation.

11 mars — Le football va faire fureur pendant notre séjour.

12 mars — Match arbitré entre la compagnie C et A.

13 mars — Match arbitré entre les Quartiers Généraux et la compagnie D.

14 mars — La compagnie B s’est battue contre la compagnie A. On a gagné 7 - 5, 2 - 3.

15 mars — On est allés à Lumbres sur un stand de tir. J’ai eu le 2ème meilleur score de toute la compagnie. Temps magnifique.

16 mars — Réunion du bataillon pour le sport. Je suis au comité.

18 mars — Réunion sympa hier. Tout le monde s’est bien amusé.

19 mars — J’ai participé à un concours de tir. Le peloton a été félicité d’avoir gagné la compétition hier. J’ai reçu des ordres pour nous préparer à bouger d’un moment à l’autre.

 22 mars — De nouveau en mouvement. On va à Winnezeele. Debout à 4 h 30. Bonne journée mais beaucoup de marche. On a quitté Lumbres à 14 h 15 en train.

23 mars — Arrivés à Arques à 5 h 30. On a marché 13 kilomètres jusqu'à Wandreques. On y reste 2 jours.

24 mars — Repos aujourd’hui.

25 mars — Les Fritz s’agitent du côté de la Somme donc on va les rejoindre demain.

26 mars — Partis de St. Omer à 3 h 15 de l’après-midi. Les Fritz bombardent Paris à très longue distance. Ce sont les canons à plus grande portée qu’ils possèdent. Les autres ont une portée de 30 kilomètres. Je ne sais pas où on va.

27 mars — Arrivés à Monticourt à 5 h 30. On voyage 12 heures, 80 kilomètres. On devrait aller dans les tranchées ce soir. Je n’ai pas dormi pendant 2 jours. Les Tommies battent en retraite aussi loin que possible et on va prendre leur place.

28 mars — On a attaqué aujourd’hui. Combat très rude. On a perdu un homme bien. Le Sergent Mason est encore blessé. Toujours pas dormi. Je suis à deux doigts de m’écrouler.

29 mars — On a creusé. J’espère ne pas être en service ce soir. Ces derniers jours ont été difficiles. Les Fritz creusent aussi à 180 mètres d’ici. Je suis monté pour aller chercher une mitrailleuse mais pas moyen de m’en approcher.

30 mars — Les Fritz ont contre-attaqué ce soir. 11 vagues successives mais ils n’ont pas réussi à passer. On a dû tuer une centaine de gars aujourd’hui. Ces trois derniers jours, c’était l’enfer sur terre. On est repartis à Ribemont.

31 mars — Repos aujourd’hui. J’ai envoyé des photos à la maison.

Avril 1918

1er avril — Pas d’humeur à blaguer aujourd’hui. On est trop fatigués pour dormir. Je pense que ça nous prendra des semaines pour nous en remettre.

2 avril — On essaye encore de dormir. Bien sûr qu’on a pris un sacré coup pendant qu’on était dans ce coin. La rumeur dit qu’on y retourne demain. On m’a fait officier éclaireur.


3 avril — On retourne dans les tranchées ce soir à Buire. J’ai été désigné officier commandant, donc je reste à l’écart. J’opère de Piquet à Ribemont. Les gens sont partis de chez eux en catastrophe, certains viennent juste de manger un morceau.

4 avril — Mon anniversaire ! C’est bien différent par rapport à d’habitude. Il pleut. Rien que de voir l’état de la ville, on a envie de pleurer. Tout est resté en l’état depuis que les habitants ont fui.

5 avril — Les Fritz ont bombardé la ville aujourd’hui. Plusieurs soldats en position dans la rue se sont fait tuer. On a dû faire évacuer tous les autres civils encore en ville aujourd’hui. Ce n’est pas le meilleur des jobs, mais ils pourraient être des espions.

6 avril — Le bataillon aura des renforts ce soir. Je ne sais pas ce qu’ils ont vécu dans les tranchées. Il pleut encore. Je suis logé dans une maison vide (Fr), donc j’utilise les lits des anciens propriétaires. Il souffle un vent mauvais qui ne fait aucun bien à personne ! Première fois que je dors dans un lit depuis que je suis revenu de ma permission.

7 avril — C’est calme.

8 avril — Autre jour calme. J’ai récupéré tout le vin dans le village et je le vends pour financer une mission française. Il y en a plus d’une centaine à vendre.

9 avril — Les Fritz nous ont balancé beaucoup de gaz hier soir et ils sont en train de bombarder la ville à fond.

10 avril — Je dois remplacer un autre officier demain. Il a passé un mauvais moment dans les tranchées.

11 avril — Encore dans les tranchées. Presque sur la ligne. Seuls quelques postes ne peuvent pas se visiter de jour. Le front se trouve à Buire maintenant.

12 avril — Très calme jusque maintenant et j’espère que ça va durer. Je ne me sens pas aussi bien que lorsqu’on est venus ici. J’ai les nerfs à vif.

13 avril — Renforts depuis hier soir. Groupe de travail aujourd’hui. Je n’ai plus trop le temps de me reposer et on en a plein la barbe.

14 avril — Encore des groupes de travail.

15 avril — Travail de groupe. Je creuse un système de tranchées. Les Fritz ont bombardé la ville aujourd’hui. Pas de blessés. On y retourne ce soir.

16 avril — Dans les tranchées ce soir. Très calme. Je suis de service jusque demain soir. En face de Treux.

17 avril — Jour calme aujourd’hui. Un autre officier vient ce soir donc je m’en vais dormir un peu. Ça fait 36 heures que je n’ai pas dormi.

18 avril — J’ai passé une bonne nuit. Ce matin, je me suis rasé donc je me sens bien.

19 avril — De nouveau en service ce soir. Le Lieutenant Stebbings est en patrouille et j’ai capturé un Fritz. Je suis aussi en patrouille mais j’ai reçu l’ordre de rester loin des Fritz jusqu’à demain soir.

20 avril — Pas de service. J’espère ne pas être en service ce soir. On a eu des journées très calmes ces derniers jours. Finalement je reste en service jusqu’à demain.

21 avril — Ce soir pas de service. Jour très calme. Cantonnés. Beaucoup de lettres aujourd'hui. J’ai reçu 7 lettres et un paquet. Je n’ai pas eu de papier donc je vais devoir attendre pour leur répondre.

23 avril — Bonne journée aujourd’hui. Première lettre qui m’appelle « Lieutenant. »

24 avril — Une autre bonne journée. J’ai été transféré au bataillon. J’y suis en tant qu’officier éclaireur. Tout mon peloton veut partir en éclaireur aujourd’hui. Je suis désolé de quitter la compagnie mais j’espère revenir dès qu’ils manqueront d’hommes.

25 avril — Les Fritz nous ont bombardé hier soir avec du gaz. La 3ème Division a été félicitée pour son travail dans les tranchées durant l’offensive. On y retourne demain soir.

26 avril — On est venus en renfort du 38ème bataillon ce soir. On s’attend à être là pour 4 jours, en face de Buire.

27 avril — Nuit plutôt calme. Je vais en reconnaissance pour trouver les positions ennemies ce soir et j’essaierai de les avoir pour demain soir.

28 avril — On a attaqué. 1 prisonnier. Pas de blessés. Comme le Fritz est réapparu au même endroit on est partis le chercher. Pas de prisonniers. Pas de blessés.

29 avril — On est allés au même endroit et on a creusé. 2 morts. Les Fritz s’y attendaient. Chanceux de m’en sortir vivant. On défend les positions maintenant. Fin de service ce soir.


Mai 1918


1 mai — Je dors bien. Il n’y a rien à faire. La dernière fois, j’ai eu un peu de mal dans les tranchées.

2 mai — Je dors toujours à poings fermés.

3 mai — Journée très calme. Pas de bombardements.

4 mai — Encore une journée tranquille. On devrait aller dans les tranchées demain. Je viens d'apprendre que je ne dois pas y aller. Le colonel dit que j'en ai assez fait pour le moment.

5 mai — Je suis retourné à Franvillers aujourd'hui.

6 mai – Première fois qu’on nous remplace depuis que je suis venu en France. C'est la deuxième fois que la première ligne me manque.

7 mai — Nous ne sommes qu'à environ 6 kilomètres de la ligne. C'est le plus loin que nous soyons depuis que nous sommes arrivés dans la Somme.

8 mai — Les Fritz ont bombardé la ville hier soir. 5 morts, 9 blessés. Le bataillon est relevé demain soir.

9 mai — La bataillon retourne à Fréchencourt pour quelques jours, à environ 4 kilomètres de là.

10 mai – Je suis passé au poste d'officier de cantonnement. C’est difficile de trouver les cantonnements à cause du nombre de troupes ici.

11 mai – Je me suis reposé aujourd'hui. Ordres aujourd'hui que la 2ème étoile est accordée, à partir du 1er mars.

12 mai — Le général Birdwood a remis des médailles à certains soldats. J'emmène quelques éclaireurs s'entraîner pendant quelques jours. Je ne sais pas quand on partira.

14 mai — Beau temps. C’est bon d’être ici.

15 mai — Toujours en train d'entraîner des éclaireurs. On prévoit de bouger vers un nouveau secteur dans quelques jours.

16 mai — Modification : allocation portée à £9 à partir d'aujourd'hui.

17 mai — Le temps est chaud et tout le monde profite de la Somme. C'est un vrai plaisir de pouvoir se baigner.

18 mai — J'ai fait une promenade en voiture aujourd'hui, environ 10 kilomètres. Magnifique. J’ai eu la pluie du siècle. Toutes les rues étaient inondées en ½ heure. On m’a informé d’aller à l’école des éclaireurs à 30 kilomètres de là dans quelques jours. On devrait y rester pendant 2 semaines.

19 mai — Procession militaire religieuse aujourd'hui.

20 mai — Le temps est exceptionnellement chaud. Nous vivons presque dans l'eau.

21 mai — Déménagement à l'école aujourd'hui à Bouchon. Arrivée à 18 h. Endroit tranquille à environ 50 kilomètres derrière les lignes.

22 mai — Premier défilé à 8 h 20. Ça a l’air d’être une bonne école. Très petit village. Le bataillon a déménagé à Villers-Bretonneux aujourd'hui. On n’a pas encore trouvé de point d'eau dans le village pour se baigner.

23 mai — Les Fritz n’ont pas réussi à reprendre toutes les positions que nous avions prises l'an dernier, autour de Messines et d'Ypres. Les Tommies ont tenu la ligne après notre départ et se sont retirés. Ils ont tenté quelque chose, et c'est pourquoi on a dû venir. Ils ne sont pas bons.

24 mai — Encore une belle journée aujourd'hui. L'école se passe bien. Mess à 4 francs pour une journée.

25 mai — Pseudo-vacances aujourd'hui. Il a plu assez fort aujourd'hui.

26 mai — Pas de défilé aujourd'hui.

27 mai — Je suis allé faire un tour hier à Flixecourt.

28 mai — Les Fritz ont bombardé une ville un peu plus loin hier soir. Pas un seul obus près de chez nous.

29 mai — Encore une belle journée aujourd'hui.

30 mai — Les Fritz ont tué 7 femmes de la W.A.A.C. hier soir en bombardant Abbeville.

31 mai — Nos avions sont très actifs. Bombardement la nuit. 54 avions ont largué 15 tonnes chaque nuit.


Juin 1918


1er juin – Ça fait 1 an et 11 mois qu’on est partis de Tasmanie. Je me demande combien de temps on va encore rester ici.

2 juin — Pas de défilé aujourd'hui (Dim).

3 juin – On est allés à Abbeville hier. Belle grande ville, mais partiellement détruite par les bombes.

4 juin — L'école se finit aujourd'hui. On part pour le bataillon à 17 h 30. Arrivés à Saint-Léger à 18 h 30. On doit rester ici pour la nuit.

6 juin — Départ de Saint-Léger à 9 h 30 et marche jusqu'à Vaux. 12 kilomètres.

7 juin – De nouveau en route. 12 kilomètres de marche jusqu'à Camon. Hier, ça faisait 12 mois qu’on a pris Messines. Elle est aux Fritz maintenant.

 8 juin — Nous sommes passés à Noyelles aujourd'hui. On a fait le tour d'Amiens aujourd'hui. Très grande ville.

9 juin — Procession militaire religieuse aujourd'hui.

10 juin – On va sur la ligne demain à Villers-Bretonneux.

11 juin – On a remplacé le 38ème bataillon ce soir. Secteur plutôt animé. Je ne suis pas en très bonne santé, mais je dois continuer.

12 juin — Je me sens relativement mieux. Les éclaireurs sont très actifs ici.

13 juin — J'ai rencontré les Fritz hier soir sur le N.M.L. Les gens qu’on remplace leur ont permis d'installer un poste à environ 70 mètres de notre ligne.

14 juin — La patrouille est sortie pour s'occuper du poste, mais elle est défendue par près de 60 soldats, donc on a dû se retirer. 1 homme disparu.

15 juin — Les Fritz ont bombardé le Quartier Général du bataillon aujourd'hui, mais pas de pertes.

17 juin — En patrouille ce soir. Il fait toujours un temps splendide.

18 juin — Relève ce soir. La patrouille a eu un autre accrochage avec les Fritz la nuit dernière.

19 juin — Remplacés hier soir par le 38ème bataillon. On a reculé d'environ 1 kilomètre.

20 juin — On m'a renvoyé à Noyelles à environ 6 kilomètres. Je ne me sens pas très bien ces derniers temps.

21 juin – C’est bien tranquille. On vit à l'extérieur dans un bois. C'est magnifique.

22 juin — De nouveau sur la liste des malades. J'ai passé une journée au lit avec des rhumatismes.

23 juin — Procession militaire religieuse aujourd'hui.

24 juin — La rumeur veut qu’on aille plus loin.

25 juin — Belle journée aujourd'hui. Beaucoup de nos avions sont en vol. On bouge à Querrieu demain.

26 juin – On bouge encore. J'ai croisé la division de Charlie en partant et il a couru pour venir me voir. Il a l'air en forme. Toujours une moustache. Je ne me sens pas très bien.

27 juin — Temps calme. Beau temps. On prévoit de rester dehors pour 10 jours, c’est un peu plus long que d’habitude.

28 juin – On commence l'entraînement lundi.

29 juin — Je vais voir Charlie demain. Il n'est qu'à 1 kilomètre d'ici. Demain ça fera deux ans que nous avons quitté Tasmanie. Je me demande combien de temps on va rester ici.

30 juin — Procession militaire religieuse aujourd'hui. J’y suis allé et j’ai vu Charlie.

Juillet 1918

1er juillet — Aujourd'hui, on a fait du sport pour commémorer notre départ de Tasmanie. On a eu un grand dîner ce soir.

2 juillet — Encore du sport aujourd'hui. On s’est bien amusés depuis qu’on est partis des tranchées. Le temps a été splendide. Charlie est venu me voir.

3 juillet — Demain, course de chevaux pour les officiers. Je monte le cheval du docteur. Nous sommes allés à Abbeville aujourd'hui. Les Australiens ont encore avancé.

4 juillet — Je n'ai terminé que 5ème de la course. Bonne course. La brigade organise des activités sportives samedi.

5 juillet — Encore une journée chaude aujourd'hui. Nous sommes toujours à Querrieu, à environ 19 kilomètres de Querrieu.

6 juillet — Sports de la brigade aujourd'hui. Le 40ème a eu une procession en costume. Ils étaient très beaux. On va se faire photographier demain.

7 juillet — On a pris des photos.

8 juillet — Carnaval de natation aujourd'hui. Une bonne journée. C’était notre meilleur souvenir en France.

9 juillet — On part aujourd'hui pour Rivery, juste à côté d'Amiens. On a dû rester debout toute la nuit dernière.

10 juillet — On va vers la ligne ce soir. Le bataillon s'installe demain devant Hamel. Il y a des morts partout à cause de la dernière attaque. Il a commencé à pleuvoir ce soir.

11 juillet — Le bataillon avance ce soir. Pas un très bon secteur. Devant Hamel. Nous sommes installés dans l'ancienne ligne de Fritz, prise par la 4ème division.

12 juillet – On ne passe pas un mauvais moment. J'ai fait quelques patrouilles. Il fait toujours beau ce qui me maintient en forme.

13 juillet — Le no man's land fait environ 1 000 mètres de large ici. Il y a assez d'équipement dans les tranchées des Fritz pour y installer un bataillon d'hommes. Nous avons relevé le 50ème bataillon ici.

14 juillet – C’est l’heure des permissions, je ne devrais pas tarder à retourner en Angleterre.

15 juillet — Ça fait maintenant 6 jours que je suis là. Il y a beaucoup de souvenirs, mais ils sont tous trop gros pour être envoyés à la maison. Nous ne pouvons envoyer que 5 kilogrammes à la fois.

16 juillet — Nous sommes relevés par le 37ème bataillon. J'ai reçu une paire de chaussettes d'Elsie Tucker aujourd'hui. Très acceptables.

17 juillet — Mon sergent a été tué hier soir. Il s'agit du sergent Richards de Wilmot. Je ne sais pas ce que je vais faire sans lui. C'était plutôt un frère et un bon gars. J'ai correspondu avec sa sœur pendant un certain temps. Je ne sais pas comment je vais lui annoncer la nouvelle.

18 juillet — J'ai reçu un morceau de gâteau de mariage de Geo Voss hier soir. Il était très content. Relevé par le 37ème bataillon hier soir.

19 juillet — Nous nous reposons bien et nous en avons besoin. Nous sommes partis pour 7 jours, à seulement 3 kilomètres des lignes ennemies.

21 juillet – J’ai pris un bain aujourd’hui, le premier depuis un mois ou plus.

22 juillet — Temps très calme. Seuls quelques obus traînent.

23 juillet — Il pleut comme un seul homme. C'est la première fois depuis longtemps.

24 juillet — Encore du beau temps. Tout est calme. Les Français ont fait une poussée sur notre droite.

25 juillet — J'en ai presque assez de ce spectacle. J'aimerais être de retour à la maison. On espère prendre le contrôle de la ligne de front demain.

26 juillet — De nouveau sur la ligne ce soir. Il pleut de nouveau fort, alors tout le monde est triste.

27 juillet — Un bon nombre de Ricains se sont joints à nous hier soir pour prendre de l'expérience. C'est un bon groupe de gars. 27 dans chaque compagnie.

28 juillet — Le temps s'est de nouveau éclairci.

29 juillet – Le clair de lune est trop intense pour faire du repérage actif. C’est toujours mauvais pour mon travail.

30 juillet — J'ai commencé à construire un abri il y a deux jours et je viens de le terminer. Je viens d'apprendre que nous serons relevés dans deux jours par le 44ème bataillon. Pas de chance après avoir fait les choses confortablement.

31 juillet — On est relevés ce soir par le 37ème bataillon.


Août 1918


1er août — Je ne suis revenu qu'à environ 1 kilomètre de distance. Autant être en première ligne.


2 août — Je viens d'apprendre que tous les Australiens vont bientôt passer à l'action. Tout le bataillon souffre de diarrhée.

3 août – On bouge encore demain pour tenir la ligne pour la diversion, et donc ce n’est pas le meilleur des boulots. Ça va être un grand jour. Tout le monde est très occupé par les préparatifs. Il y aura beaucoup de chars d'assaut.

4 août — Pas de repos aujourd'hui. Je suis réveillé depuis 3 h du matin. C’est plutôt calme aujourd'hui, donc la division doit s'occuper de l’assaut.

5 août – On devrait monter demain matin. 23 canons seront en action, il y aura du bruit.

6 août — La brigade est en réserve demain. Seuls quatre officiers doivent partir en cas de besoin. Le commandant pense que j'en ai eu assez pour un moment, alors je dois rester ici, à environ 2 kilomètres derrière la ligne de front. Le bataillon ne sera peut-être pas nécessaire. J'espère qu’il ne le sera pas.

13 août — Avancé encore de 5 kilomètres. J'ai campé près des nombreux canons qu’on a capturés près de Warfusée. Proyart a été évacué par les Fritz.

14 août — Je ne me sens pas très bien aujourd'hui. On a été relevés et on retourne à environ 2 kilomètres de Reginald Wood.

15 août — J'ai entendu dire qu’on bouge à nouveau vers le sud. Je ne me sens toujours pas bien.

16 août — Les Fritz reviennent par centaines. Il est en pleine retraite.

17 août — Le médecin m'envoie à l'hôpital demain.

18 août — Procession militaire religieuse.

19 août — Départ pour l'hôpital aujourd'hui à 9 h. Arrivé hôpital de campagne à midi. Arrivé au 52ème C.S. à 15 h.

20 août — J'ai quitté Daours à 16 h hier et je suis arrivé à 4 h ce matin.

21 août — On m'envoie au camp de convalescence du Havre demain. C'est un bel hôpital.

22 août — Arrivé au Havre à 23 h et au camp à 1 h du matin. Environ 200 officiers ici.

23 août — Toute la journée au lit depuis 5 jours. C'est étrange d'être au lit si longtemps.

25 août — Je suis allé à un concert donné dans l'un des bâtiments de l'hôpital. Avec la façon dont j’étais habillé, on aurait pu croire que j’étais vraiment malade (très malade).

27 août — Je suis autorisé à me lever aujourd'hui. Je suis allé me promener à la plage aujourd'hui.

28 août — Je suis retourné à la plage aujourd'hui. La brise est splendide.

29 août — Un autre concert ce soir. Je m'attends à sortir de l'hôpital dans quelques jours.

30 août — Je quitte l'hôpital aujourd'hui à 14 h 30.

31 août — J'ai quitté l'hôpital hier et je suis arrivé à la base. Je dois rester ici pendant deux jours.


Septembre 1918


2 septembre – Je vais rejoindre le bataillon aujourd'hui. 16 heures de train. Arrivé à Corbie à 6 h.


3 septembre — Repos aujourd'hui. Départ à 10 h et arrivé à Cappy à 18 h.

4 septembre – On bouge de nouveau, je dois suivre.

5 septembre — J'ai parcouru environ 55 kilomètres au cours des trois derniers jours donc très fatigué.

6 septembre — Arrivé au bataillon ce soir à 19 h. Il ne reste qu'environ 200 soldats opérationnels. Beaucoup se sont fait tuer, mais la plupart ont été blessés lors de la dernière bataille.

7 septembre — Le bataillon va s’avancer ce soir ou demain matin.

8 septembre — On a avancé d'environ 5 kilomètres sur la gauche de Péronne.

9 septembre — Le bataillon s'est mis en ligne hier soir devant Rosières.

10 septembre – On s’attend à des renforts demain. Le bataillon a environ 200 hommes. Peut-être une longue pause dans pas longtemps. Ça fait 6 mois qu’on n’a pas vu de civils.

11 septembre — Relevés par le 4ème bataillon à 10 h 30. On a reculé d'environ 5 kilomètres et on a dû creuser nos tranchées. Pas de logement du tout. Nous sommes dans un bois, Redwood.

12 septembre — Fini de creuser aujourd'hui et on est plus à l’aise maintenant. Environ 8 pertes seulement pendant qu’on était sur la ligne.

13 septembre — J'ai appris que je devais assumer les fonctions du maire de Bussy. C'est l’un des villages que les Fritz ont incendiés.

14 septembre – J’ai pris mon nouveau poste aujourd’hui. La ville est à peu près aussi grande que Merton. Il n’y a pas un toit intact. Pas une pièce avec plus de deux murs. Les Allemands ont même saccagé les tombes dans le cimetière. Le pire cas de vandalisme que j’ai jamais vu. Pour installer tous les cerceaux qui arrivent, on doit monter les tentes. Environ 800 personnes ici.

 15 septembre — Dimanche.

16 septembre — On a fait le tour de la zone qui s'étend sur 10 kilomètres de long et 5 kilomètres de large.

17 septembre — On m'a donné un cheval pour faire le tour de la zone. Environ 2 000 soldats ici.

18 septembre – On est allés à Péronne aujourd'hui. La ville est à peu près aussi grande que Hobart, mais elle est vraiment démolie.

19 septembre – Il fait toujours beau. Deux gars sont allés se baigner dans la rivière aujourd'hui et se sont empalés sur des baïonnettes qui avaient été attachées à des piquets dans l'eau par les Fritz.

20 septembre — Le 37ème bataillon a été démantelé aujourd'hui pour renforcer les effectifs des autres bataillons de la Brigade. Besoin critique de renforts. Le 40e a un effectif de 400 hommes.

21 septembre — Les bataillons ne voulaient pas être dissous et finalement vont rester opérationnels. Jusqu'à la prochaine fois. Je fais toujours le boulot du maire.

22 septembre — Il pleut un peu aujourd'hui.

23 septembre — Encore du beau temps. Les Américains font bouger les choses dans le sud.

24 septembre — Je pense que le moral n’a jamais été aussi bon depuis qu’on est en France.

25 septembre — On prévoit de rester dehors encore 3 ou 4 jours, on refera un service, puis on retournera à la civilisation.

26 septembre — Le bataillon passe le plus clair de son temps à jouer au cricket. Un corps d'Américains est monté aujourd'hui donc l’attaque ne devrait pas tarder.

27 septembre — Nous nous sommes rapprochés de 5 kilomètres ce soir. Ça va faire du spectacle. J'espère que ça brisera la ligne Hindenburg.

28 septembre — Les Ricains sont passés ce matin, mais ils ont été massacrés. Ils n'ont pas assez d'expérience. La Bulgarie s'est rendue sans condition.

29 septembre — Le bataillon est passé hier et a pris une partie de la ligne Hindenburg. Il n’y a eu que 79 pertes.


Octobre 1918


1er octobre — L'avancée est toujours aussi lente. La ligne est truffée de tunnels souterrains sur environ 5 kilomètres. Il y a aussi des canaux souterrains.


2 octobre — On n’a pas fait beaucoup de prisonniers cette fois-ci. La ligne se trouve à environ 10 kilomètres devant la ligne Hindenburg.

3 octobre — J'espère sortir demain.

4 octobre — Je devrais partir à 80 kilomètres à l’arrière pour un long repos demain.

5 octobre — Le bataillon est parti à midi pour Abbeville. J'y vais à cheval dans la matinée. On va plus loin qu’on le pensait, à environ 160 km. Tous les Australiens sont sortis de la ligne maintenant.

6 octobre — Départ à 10 h ce matin.

7 octobre — Le cheval est tombé du pont dans la rivière hier et a failli se noyer. Arrivé à Daours à 19 h et reparti à 7 h ce matin.

8 octobre — Arrivé à Abbeville hier soir à 16 h. J’ai mal partout et je suis fatigué. Le bataillon se repose pendant une semaine, puis s'entraîne. Ça devrait durer 3 mois.

9 octobre – On m’a choisi pour être instructeur à l’école de la Brigade. J'ai été désigné pour assister à l'école de la brigade en tant qu'instructeur. Le bataillon est logé à Érondelle.

10 octobre — Arrivé à l'école de Bailleul sur Somme à 15 h. Environ 50 hommes sont là.

11 octobre – On s’installe doucement. Il a plu cet après-midi.

12 octobre – Petites vacances. Je suis allé à Abbeville. Il a plu de nouveau aujourd'hui.

13 octobre — L'Allemagne accepte les conditions de Wilson.

14 octobre — Je ne pense pas que la guerre durera encore longtemps.

15 octobre — Il a plu toute la journée aujourd'hui. J’ai reçu 11 lettres.

16 octobre – Les cours se terminent demain. Les pourparlers de paix n'ont pas abouti.

17 octobre – L’école recommence lundi. La Turquie s'est rendue.

18 octobre — Les bataillons font du sport aujourd'hui, je vais leur rendre visite.

19 octobre — Je suis allé voir Harry à une quinzaine de kilomètres de là au lieu d'aller au sport hier. J’y suis resté environ 2 heures. J'avais beaucoup de choses à dire. Je ne pense pas en avoir dit la moitié.

20 octobre — Fin de semaine à Abbeville.

21 octobre — Les cours recommencent aujourd'hui. Environ 30 élèves.

22 octobre — Il a beaucoup plu ces derniers jours. Les nouvelles dans les journaux sont bonnes. Je ne pense pas que ça va durer encore longtemps

23 octobre — Le C.I. est tombé malade à cause de la grippe et je suis responsable de toute l'école.

24 octobre — Marche de Brigade aujourd'hui. J'étais responsable de l'école. Deux équipes.

25 octobre — Les cours se terminent aujourd'hui. De retour au bataillon demain. Beaucoup de malades dans le bataillon.

26 octobre — De retour au bataillon aujourd'hui. Content d’être rentré.

27 octobre — Je suis allé à Abbeville avec Dick et Rat.

28 octobre — J’ai été en charge d’un peloton spécial. Le bataillon joue beaucoup au football.

29 octobre — J'ai joué aujourd'hui. Capitaine du 2e 18. La première équipe a gagné.

30 octobre — Je me sens assez raide aujourd'hui. Il a fait beau la semaine dernière. La Turquie a signé l'armistice aujourd'hui. C'est le premier des alliés allemands à se retirer.

31 octobre — Un autre match aujourd'hui. Tous les après-midis sont consacrés au football.


Novembre 1918


1er novembre — On reçoit nos vêtements d'hiver aujourd’hui. Gants, gilet, sous-vêtements et caleçons.


2 novembre — La rumeur dit qu’on retournera sur la ligne la semaine prochaine. Le 12ème bataillon vient jouer au football lundi. J'espère qu’Harry viendra avec eux.

3 novembre — L'Autriche a signé l'armistice.

4 novembre — J'ai joué au football avec le 12ème bataillon. Battus. Déçu qu’Harry ne soit pas venu.

5 novembre — Forte pluie aujourd'hui. Maintenant que l'Autriche et la Turquie sont sorties de la guerre, on ne pense pas devoir attendre longtemps que l'Allemagne se rende.

6 novembre — J'ai passé une journée au lit avec des rhumatismes. Il a plu toute la journée. J’ai toujours mal quand il pleut.

7 novembre — Encore une journée au lit aujourd'hui. Je me sens beaucoup mieux. Le major Paine est revenu de l'hôpital.

9 novembre — Le bataillon a joué contre un hôpital de campagne et a gagné.

10 novembre — Dimanche.

11 novembre — Les hostilités cessent à 11 h aujourd'hui. Tout le monde est très heureux. On a reçu la nouvelle à 8 h 30.

12 novembre – La nouvelle s’est répandue calmement. Les Français ont accroché des drapeaux et un ou deux se sont saoulés, mais en général tout le monde est très calme.

13 novembre — La guerre est pratiquement terminée. Mais on s’attend à remonter sur la ligne. On part demain dans une ville plus au sec.

14 novembre — On est arrivés à Eaucourt aujourd'hui. C'est une ville agréable et tout est sec comparé à l'endroit où nous avons été.

15 novembre — On a un temps splendide. J'ai joué au football cet après-midi.

16 novembre — On a joué au football avec le 39ème bataillon et on a gagné de 5 points. La rumeur dit que nous allons aller en garnison en Allemagne. On va changer d’endroit samedi.

17 novembre — Dimanche.

18 novembre — On m'a prévenu de partir en permission à Paris le 25.

19 novembre — J'ai joué au football avec le 38ème bataillon et on a gagné de 14 points. On va probablement à Valenciennes. Les autres divisions sont parties en Allemagne.

20 novembre — Le temps est très froid.

21 novembre — Je me suis tordu la cheville aujourd'hui ça fait plutôt mal.

22 novembre — Un vent très froid a soufflé toute la journée. On ne fait pas beaucoup d'entraînements maintenant, presque uniquement des cérémonies. J'aimerais être en Tasmanie maintenant que c'est l'été.

23 novembre — Demain, ça fera deux ans que le bataillon est arrivé en France, alors on va avoir un grand dîner pour fêter ça.

24 novembre — Départ en permission pour Paris à 14 h 10. La fête a été célébrée comme il se doit hier soir. Beaucoup de discours.

25 novembre — Départ reporté à demain.

27 novembre — Départ d'Abbeville à 13 h 10 et arrivée à Paris à 17 h. J'ai jeté un coup d'œil après le dîner. C’est très vivant ici. Le roi George visite Paris demain.

28 novembre — J'ai fait un tour après le dîner. Je suis allé aux Folies Bergères. J'ai vu Zig-Zag. Pièce très drôle. J’ai tellement ri que j’ai failli me rendre malade, et après, tout Paris est venu voir le Roi George passer en voiture.

29 novembre — Le roi George a traversé les rues aujourd'hui. Les gens étaient comme des fous. On dirait que tout le monde vit de pourboire. Tout le monde est trop bien habillé ici.


30 novembre — Je suis allé voir le tombeau de Napoléon aux Invalides. Il est encore entouré par des sacs de sable. Ensuite, on est allés au Palais du Luxembourg, puis au Gaumont-Palace. C’est le plus grand cinéma de Paris et il peut accueillir 5 000 personnes.


Décembre 1918


1er décembre — Tous les magasins sont fermés aujourd'hui.


2 décembre — On est allés à Versailles aujourd'hui. J'ai vu le palais de Napoléon. Très intéressant. Une Française est venue me voir et m'a tout expliqué. J'ai dépensé 40 livres jusqu'à maintenant. C’est très cher.

3 décembre — J'ai changé trois fois d'hôtel pour en trouver un décent. Je suis allé voir de l’opérette. Tout est en français, mais c’est pas mal.

4 décembre — J'ai dépensé environ 60 livres jusqu'à maintenant. C’est très cher ici. Je suis allé au théâtre Édouard VII ce soir. Très drôle.

5 décembre — Je suis allé au Olympics Variety Show. Le temps n’était pas trop mal. Paris est un sacré endroit !

6 décembre — Nous avons vu le roi de Belgique passer dans la rue aujourd'hui.

7 décembre — Départ de Paris à 9 h 30 pour le bataillon. J'ai passé un excellent moment. J'aimerais rester plus longtemps. Arrivé au bataillon à 15 h.

8 décembre — Service célébré par le nouvel aumônier qui est méthodiste.

9 décembre — Belle journée aujourd'hui. Je ne me suis pas encore tout à fait remis du voyage à Paris. La brigade déménage mercredi.

10 décembre — Le courrier australien est arrivé aujourd'hui. J'ai reçu 5 lettres, mais aucune ne vient de chez moi.

11 décembre — Il pleut comme jamais. Je ne me sens pas très bien. J'ai passé la journée au lit.

12 décembre — Le bataillon a déménagé à Tours aujourd'hui. Un trou pourri. Y’a de la boue partout et les cantonnements sont horribles. J'espère que nous ne resterons pas longtemps. Marche de 20 kilomètres.

13 décembre — Jour de paie aujourd'hui. Il a plu toute la journée et encore beaucoup de boue. J'ai encore été vacciné aujourd'hui donc ça va m’ennuyer ces prochains jours.

14 décembre — Le temps s'est de nouveau éclairci. Il y a encore beaucoup de boue.

15 décembre — Procession aujourd'hui.

16 décembre — Il a plu comme jamais aujourd'hui. Dans la rue la boue dépasse le haut des bottes.

18 décembre — Il pleut toujours. Les hommes sont allés se baigner. La première fois depuis trois semaines.

19 décembre — Inspection par le commandant aujourd'hui. Tout le monde en a assez de n'avoir rien à faire. Le temps est lourd.

20 décembre — Le bataillon a reçu 120 £ des fonds de confort du 40ème bataillon. Nous allons acheter de la volaille pour le dîner de Noël.

21 décembre — Le temps est très froid maintenant. Nous avons du travail pour nous réchauffer. On organise une réunion sportive le jour de Noël. Service religieux spécial demain.

22 décembre — Défilé du bataillon à l'église aujourd'hui.

23 décembre — Il pleut encore aujourd'hui.

24 décembre — Le soleil brille aujourd'hui pour la première fois depuis des semaines. Il fait bon s'asseoir au soleil.

25 décembre — Jour de Noël. Belle journée. Sports cet après-midi. J'espère être à la maison pour le prochain. Le dîner de Noël aura lieu demain, car nous devons nous occuper des hommes aujourd'hui.

26 décembre – Boxing Day. Encore une belle journée. Courses de chevaux aujourd'hui. Je monte le cheval de la compagnie. Très gros dîner aujourd'hui.

27 décembre — Il pleut encore. Le général de corps d'armée inspecte le bataillon demain. Un groupe de musiciens viendra aussi pour nous donner un spectacle.

28 décembre — Le général de corps d'armée n'est pas venu à cause du mauvais temps. Des dispositions ont été prises pour qu'une autre réunion sportive ait lieu le jour de l'an. La coutume en France est d'embrasser toutes les filles le jour de l'an, donc ça va être amusant.

29 décembre – On va à l’Église aujourd'hui. On se prépare pour le jour de l'an. On a l'intention d’organiser une course.

30 décembre — Dernier jour de l'année. J’espère être de retour chez moi l’année prochaine. Il a encore plu aujourd’hui. J’ai dansé sur la route jusque minuit.


Janvier 1919


1er janvier — Courses aujourd'hui. J'ai eu 2 montures, mais je n'ai pu monter que la 3ème. Journée très calme. Il a fait globalement beau mais c’était très humide.


2 janvier — Encore une journée humide. J’ai envoyé mon journal en Angleterre pour en prendre un nouveau.


Janvier 1919


1er janvier — Jour de l’An. C’est le jour des courses aujourd’hui.


2 janvier — J’ai reçu une lettre de Charlie et Harry aujourd’hui. Ils sont en Belgique.


3 janvier — On a presque fini de s’installer après notre retour de vacances.


4 janvier — Il pleut toujours. Le temps est très humide dans cette partie du pays.

5 janvier — Dimanche.

6 janvier — Du courrier australien est arrivé aujourd’hui.

7 janvier — Jour de bain aujourd’hui. J’ai dû marcher 5 kilomètres pour y aller.

8 janvier — Inspection du commandant. Il nous a complimentés sur l’état de la compagnie.

9 janvier — Inspection du Brigadier McNichol aujourd’hui. J’ai envoyé des photos du bataillon à la maison.

10 janvier — Très beau temps ces derniers jours.

11 janvier — Ce soir concert du bataillon à 18 h 30. La pièce s’appelle « 20 Ans Plus Tard. »

12 janvier — Procession militaire religieuse aujourd’hui.

13 janvier — Il y a eu un autre concert hier soir. Le bataillon a organisé un bal pour jeudi prochain. On s’attend à ce que les belles du village viennent.

14 janvier — Il a encore plu aujourd’hui. On a toujours peu de boulot à faire.

15 janvier — Reparti aux bains aujourd’hui. Je suis devenu vite trempé sur le chemin pour y aller.

16 janvier — J’ai un léger soupçon de gale et ma peau me démange beaucoup.

17 janvier — On est encore trempés. La boue est horrible. L’officier-commandant a été fait colonel aujourd’hui.

18 janvier — Ce soir concert et ça s’est amélioré par rapport à la dernière fois.

20 janvier — Il fait très froid mais beau temps.

22 janvier — Jour de paie aujourd'hui. Il a gelé très fort ces derniers jours, 2 ou 3 fois.

23 janvier — Parade de la brigade aujourd’hui. Le brigadier nous a dit qu’on rentrerait bientôt parce qu’on ne restera pas assez longtemps pour faire une autre parade.

24 janvier — On nous a proposé une permission à Angleterre mais je n’ai plus d’argent donc je n’ai pas pu y aller.

25 janvier — La présentation du drapeau a été reportée pour quelques jours.

27 janvier — Il a neigé aujourd'hui.

28 janvier — 8 centimètres de neige au sol ce matin. Encore partis aux bains.

29 janvier — C’est la Cup Day chez nous aujourd’hui donc on a organisé une rencontre. 5 courses en tout.

30 janvier — Les courses ont été reportées hier à cause de la neige. Une première équipe de soldats (120) sont prêts à partir et on devrait partir dans 10 jours environ.

31 janvier — Il reste environ 5 centimètres de neige au sol et le temps est toujours très froid.

Février 1919

1er février — Le groupe concert a encore donné un autre spectacle.

2 février — À cause de la grève en Angleterre, tous les bateaux ont été retardés de 3 semaines environ.

4 février — Le W.A.A.C donne un bal ce soir à 30 hommes du bataillon. Aucun officier n’a le droit de s’y rendre.

5 février — Beaucoup de neige est tombée aujourd’hui. 10 centimètres au sol.

6 février — Belle journée. La neige fond très vite. Jour de paie aujourd’hui.

7 février — Dernière inspection par le Major Paine, qui nous quitte demain, et qui devrait aller en Australie très bientôt.

8 février — Concert pour le bataillon ce soir. Il y a un gars malade donc je dois prendre sa place.

9 février — Dimanche. Le major Paine est parti aujourd’hui.

10 février — La neige s’est arrêtée de tomber mais il fait toujours très froid.

11 février — Un peu d’agitation dans le village ce soir. Une des baraques a pris feu.

12 février — On vient de m'informer que je ferai probablement partie de la première équipe.

13 février — On va donner un autre concert vendredi prochain. Ou samedi. Le médecin m’a examiné aujourd’hui et je suis prêt à partir maintenant.

14 février — Répétition pour le concert cet après-midi.

 15 février — Dernière parade du bataillon aujourd’hui. L’officier-commandant nous a dit « aurevoir». On part à 12 h 30 demain. Ça prendra au moins 6 semaines avant de partir d’Angleterre. Hier soir, meilleur concert de la série.

16 février — Départ de Tours à 12 h 30 et marche jusque Blangy où nous sommes restés pour la nuit.

17 février — Très fatigué après 14 kilomètres dans les bottes. Tout le bataillon est venu et nous a acclamés alors que l’on partait. Départ de Blangy à 9 h 30 et arrivée au Havre à 18 h 30.

18 février — Rien à faire aujourd’hui. J’espère rester au camp pour 10 jours. On est allés au cinéma ce soir.

19 février — J'ai pris un excellent bain ce soir et j'ai reçu de nouveaux sous-vêtements.

20 février — Le temps a été très humide depuis notre arrivée au camp. Nous avons vu les Américains jouer au basket-ball ce soir.

21 février — On a vu une pièce qui s’appelait « General Post » ce soir. Magnifique spectacle. Les activités de divertissement sont gratuites dans le camp.

22 février — On devait se rendre au Havre aujourd’hui mais à cause du temps humide on a dû reporter le voyage.

24 février — On a vu un match de boxe et de lutte spectaculaires ce soir. On devrait partir vendredi prochain.

26 février — Il pleut toujours. C'est l'hiver le plus humide que nous ayons eu durant notre séjour en France.

27 février — J'ai passé une journée au lit aujourd'hui à cause d'un rhume. Je l’ai sûrement attrapé après le bain que j’ai pris aujourd’hui.

28 février — La rumeur dit qu’on part pour l’Angleterre ce soir. On a quitté le camp à 20h15 et on a embarqué à bord du « Monas Queen » à 22 h. On a voyagé en autobus depuis le camp. Départ du quai au Havre vers 00 h 15 (?) et on a fait bon voyage.


Mars 1919


1er mars — Voyage le plus calme que le bateau ait connu en 15 ans. Arrivés à Weymouth à 10 h 15 et après un repas gratuit nous avons embarqué en train pour le camp de Longbridge Dervil (ou Derverill). Environ 2 heures de train. Arrivés au camp vers 14 h.


3 mars — Les hommes sont très bien nourris ici. La grippe fait rage. On a fait se déplacer 32 cas avérés.

4 mars — On va se faire vacciner aujourd’hui contre la grippe. Il pleut comme jamais.

5 mars — Tout le monde a été vacciné aujourd’hui et mon bras n’est pas aussi douloureux que la dernière fois.

6 mars — Je suis allé danser à Frome ce soir et j’ai passé un excellent moment, même si j’étais assez maladroit. Arrivé à la maison à 4 h du matin. Je pars en congé demain.

7 mars —Les permissions commencent à 8 h aujourd’hui. Partis de Westminster à 7 h 40 pour Londres. Réveillé à 15 h. Arrivé à Londres à 23 h. Je suis allé voir « the Coliseum ». C’était un spectacle pas trop mal.

8 mars — J’ai acheté une nouvelle chemise aujourd’hui. J’ai vu « Box of Tricks » à l’Hippodrome. Très drôle. On devrait partir pour Londres lundi. On reste au Club des Officiers Australiens. C’est un très joli endroit.

10 mars — Ce soir, nous sommes allés voir « Lilacs Dominos ». Bon spectacle.

11 mars — On est allé voir les « Big Boys » de Broadway. Pas mal comme spectacle. Je pars dans la campagne demain.

12 mars — J’ai raté mon train et je n’ai pas pu aller dans le Surrey.

13 mars — Très bonne journée. J'ai vu un spectacle américain ce soir qui s’appelle " Us " (ou « Yes »).

14 mars — J'ai vu « Yes Uncle » ce soir. Très drôle. Encore une belle journée aujourd'hui.

15 mars — Je suis allé voir "Soldier Boy" ce soir. J’ai passé la plupart de mon temps à voir les spectacles le soir et les sites touristiques en journée.

17 mars — J’ai rencontré une jeune femme de la RAF et on a dîné ensemble.

18 mars — Je suis allé voir ses supérieurs et je leur ai raconté une histoire, maintenant elle a quatre jours de congé. Je suis allé au Palladium.

19 mars — Journée splendide aujourd'hui, on va se promener du côté de la rivière.

20 mars — Beau temps ces derniers jours.

21 mars — Je suis allée voir « As you were » ce soir. Pas mal du tout. J'ai acheté de la musique pour notre concert.

22 mars — On est tous censés retourner au camp à 19 h mais Rat et moi ne pourrons pas y aller avant minuit. Il neige comme jamais.

23 mars — On dirait que c'est assez calme ici après Londres.

24 mars — Le capitaine Crook est venu nous voir aujourd'hui. (Crook-Cruickshank).

25 mars — J’ai reçu un télégramme de Lord Chamberlain demandant de se rendre au Palais de Buckingham pour une cérémonie d’investiture.

26 mars — Départ de Longbridge Derverill à 15 h 30 et arrivée à Londres vers 20 h. Je suis allé voir un spectacle.

27 mars — J'ai assisté à la cérémonie d'investiture ce matin. Je n’étais pas aussi nerveux que je l’avais pensé. J’ai serré la main du roi, qui m’a félicité d’avoir obtenu la croix. Environ 30 autres officiers ont été décorés.

28 mars — Rat est arrivé aujourd'hui et il sera décoré demain. Il a neigé cette nuit.

29 mars — Environ 30 centimètres de neige sur le sol ce matin. Je suis allé au Palais pour voir l’investiture. Le Club des Officiers est fermé aujourd’hui donc on a dû bouger.

31 mars — Je dois rentrer aujourd'hui, ma permission se termine à 12 h.

Avril 1919

1er avril — Arrivée à 8 h 30 ce matin. Le voyage a été très froid, mais il fait maintenant très beau.

2 avril — Nous avons assisté à un spectacle ce soir. Nous avons beaucoup de divertissements au camp.

3 avril — Le soleil devient assez chaud maintenant, le temps est splendide.


4 avril — Un autre anniversaire aujourd'hui. Très calme, pas de célébration.


6 avril —Dimanche.

7 avril — Le temps devient splendide. Nous faisons une bonne promenade tous les matins et tous les après-midis.

8 avril — Nous ne prévoyons pas de partir avant le début du mois prochain.

9 avril — Le groupe de musique du contingent a tenu son premier spectacle ce soir. C'est un vrai succès. Je devais en faire partie, mais je ne me sentais pas à la hauteur.

10 avril — Il a plu ce soir. C'est la première fois depuis un certain temps.

11 avril — Tenue d'une danse pour les Diggers ce soir. Environ 50 W.A.A.F., 20 VAD et 30 infirmières australiennes y ont assisté. Un bon spectacle ou des photos tous les soirs cette semaine.

13 avril — Dimanche.

14 avril — J'ai reçu quatre lettres australiennes aujourd'hui. Une partie du courrier de janvier.

15 avril — La rumeur veut que nous partions pour l'Australie le 24. J'espère que c'est vrai.

16 avril — Il a fait très froid aujourd'hui. Il a plu toute la semaine. Le contingent a joué au football contre le contingent n°4 et a gagné.

17 avril — Le groupe « The Kookaburras » s’est produit ce soir. Bon spectacle.

18 avril — Journée très calme aujourd'hui. Il n'y a nulle part où aller, sauf pour se promener. Tous les arbres refleurissent.

19 avril — Il a été décidé qu'une partie du contingent retournerait à la maison sur le « Karidona » le 30 avril. Ce n'est qu'un petit bateau et le contingent doit donc être divisé. Nous ne savons pas encore comment les officiers seront répartis. Ce n'est pas de chance, après avoir été ensemble si longtemps, d'être séparés.

28 avril — Départ demain. Réveillé à 3 h 30. Train à 7 h 15. Mon peloton est dans le premier train. Le deuxième train part à 9 h 30. Tout le monde fait ses bagages avec enthousiasme.

29 avril — Réveil à 3 h. Défilé à 4 h 40. Départ de Warminster à 7 h 15. Arrivée au bateau à 12 h 30. Nous prévoyons de partir à 8 h demain.

30 avril — Nous nous sommes trompés de jour. Nous sommes montés à bord aujourd'hui et avons dormi à bord. Tous les officiers ont des cabines.

May 1919

1er mai — Départ de Plymouth à 6 h 30. C'est toute une différence de voyager dans une cabine alors que je suis arrivé sur un hamac. Nous avons fait un beau voyage aujourd'hui, mais tout le monde se sent un peu malade.

2 mai — Une tasse de thé, du pain et du beurre sont apportés à la cabine à 7 h 30. Petit déjeuner à 9 h. Dîner à 19 h. Tous les équipages sont des Lascars. Le bateau a beaucoup roulé la nuit dernière. Nous allons dans le Golfe de Gascogne.

3 mai — Le bateau se déplace magnifiquement maintenant que nous avons traversé le Golfe. Nous avons 4 infirmières à bord, dont une mariée. Le bateau file à environ 16 nœuds. Nous avons vu beaucoup de navires en mouvement.

4 mai — Passage de Gibraltar à 16 h 30. Temps magnifique. Toujours du beau temps. L'eau est comme un étang de moulin. Nous avons formé un groupe de jazz aujourd'hui, ce qui nous a amusés. J'ai jeté un coup d'œil dans la salle des machines aujourd'hui.

5 mai — J'ai parcouru 327 milles aujourd'hui. Un groupe de musiciens a donné un spectacle ce soir. Un assez bon spectacle. Nous avons formé une chorale à plusieurs voix.

7 mai — 335 milles aujourd'hui. Nous organisons chaque jour un pari sur la distance que le bateau va parcourir. Nous avons passé Malte aujourd'hui.

8 mai — 332 milles. Nous avons organisé une bataille de polochons cet après-midi. Notre chorale donne un spectacle dans quelques jours. Cette fête est composée de toutes les tasses à bord.

9 mai — 321 milles aujourd'hui. Concours de combat de coqs aujourd'hui. Bien sûr, je dois participer à tout. Certains membres de l'équipage ont contracté les oreillons.

10 mai — Arrivée prévue à Port Saïd à 14 h 30. Le " China ", qui est parti 12 heures après nous, nous précède à Port Saïd. Il est resté toute la matinée. Arrivée à Port Saïd à 14 h 45. Personne n'est autorisé à descendre à terre à cause des désordres causés par les derniers Australiens qui ont débarqué.

11 mai — Départ de Port Saïd à 18 h pour Colombo. Nous avons passé un grand camp de réfugiés arméniens.

12 mai — Nous traversons maintenant la Mer Rouge. Il fait habituellement très chaud ici, mais en ce moment, le temps est radieux. Le canal est long de 90 milles. Le " China " nous a encore dépassés ce soir.

13 mai — Il fait très chaud aujourd'hui. Toutes les cabines sont équipées de ventilateurs et nous les faisons fonctionner toute la nuit. Nous organisons un dîner costumé demain. J'y vais en Mary Pickford. L'eau de la mer est très chaude. 16 degrés.

14 mai — Aujourd’hui journée la plus chaude que nous ayons eu jusqu'à présent. Nous avons organisé un dîner. Très bonne participation. Le temps chaud a rendu les choses inconfortables. 30 costumes différents. Les officiers veulent que j'en organise un autre.

15 mai — Nous sommes sortis de la Mer Rouge à 14 h. Il a fait terriblement chaud au cours des 4 derniers jours. Nous avons passé les îles des 12 Apôtres à 15 h. Nous avons deux documents à bord maintenant.

16 mai — Il fait maintenant moins chaud car il y a du vent. Les Mugs ont donné un concert hier soir. Cela a été plutôt bien. J’ai vu beaucoup de poissons volants la nuit dernière.

17 mai — Temps toujours très chaud. Dernière vue de la terre, la dernière que nous verrons avant d'atteindre Colombo. On devrait y arriver vendredi prochain.

18 mai — La Chine est à 210 milles devant nous.

19 mai — Certains membres de l'équipage ont contracté la rougeole. Nous allons organiser un jeu de paris. Le premier prix est de 100 livres sterling. On fait du sport pendant les quinze prochains jours.

20 mai — Le temps continue d'être très chaud. Le voyage devient très monotone. Nous avons parcouru 525 kilomètres.

21 mai — Encore du sport aujourd'hui. Presque tous sont des sports nautiques. Nous avons installé une grande baignoire en toile sur le pont, où nous pouvons faire trempette. 530 kilomètres.

22 mai — Un groupe de musiciens donne un spectacle ce soir. Nous devrions atteindre Colombo demain matin, à 8 h. Nous espérons tous être autorisés à nous promener.

23 mai — Pas de permission aujourd'hui. Nous attendons seulement la fin du charbonnage. Nous embarquons 1 300 tonnes de charbon.

25 mai — Sur la voie du retour à 1 h 30 du matin.

26 mai — Voyage très difficile hier. Nous étions juste à la limite de la zone de mousson. Le temps s'est considérablement rafraîchi. Passage de la ligne aujourd'hui. Cérémonie habituelle. Seulement 6 officiers de navire à tremper.

27 mai — Nous avons passé une excellente journée hier à tremper ceux qui n'avaient pas encore franchi la ligne de démarcation. Le temps s'est un peu gâté. 505 kilomètres.

28 mai — Le temps se dégrade. Un peu de pluie aujourd'hui. J'ai entendu dire qu'il y avait une grève en Australie. On devrait être à Fremantle dans 7 jours. 480 kilomètres.

29 mai — Cela a été la journée la plus pénible depuis que nous sommes partis. C’est une tempête. Certaines vagues passent par-dessus la proue du bateau. Très peu sont descendus pour manger. Parcouru 460 kilomètres.

Juin 1919

1er juin — 500 kilomètres.

2 juin —Temps redevenu presque calme. 473 kilomètres.

3 juin — Arrivée prévue à Fremantle dans la matinée. Temps assez calme.

4 juin — Arrivée à Fremantle à 7 h du matin, mais nous n'avons pas été autorisés à descendre à terre avant 13 h à cause des inspections médicales pour chacun. Fremantle est très petit et tranquille. Départ à 18 h.

5 juin — 460 kilomètres. Nous avons eu beaucoup de pluie aujourd'hui. La mer est assez calme.

6 juin — C’est assez calme dans la baie alors que nous nous attendions à du gros temps. Nous faisons route vers Adélaïde maintenant. 540 kilomètres.

7 juin — Encore une belle journée aujourd'hui. Nous prévoyons d'arriver à Adélaïde demain à 12 h. Nous nous dirigerons ensuite vers Melbourne. Nous avons eu un voyage exceptionnellement bon à travers la baie. 520 kilomètres.

8 juin — 505 kilomètres.

9 juin — Arrivée à Adélaïde à 13 h. Ancrés dans la baie jusqu'à ce que le médecin nous donne un billet de sortie. Amarré au quai et autorisé à descendre de 14 h à 23 h.

10 juin — Surprise de ma vie lorsque Charlie est venu me voir. Je pensais qu'il était encore en France. J'ai quitté Adélaïde à 13 h 30 pour Melbourne. J'espère y arriver demain à minuit. 495 kilomètres.

11 juin — Le bateau a roulé la nuit dernière plus qu'il ne l'avait fait auparavant.

12 juin — Arrivé à Portsea à 7 h du matin. Passé par le médecin et atteint Melbourne à 13 h. Nous avons reçu un accueil formidable. Les rues étaient bordées de gens qui nous ont acclamés. Cela vaut la peine de partir.

13 juin — Le bateau pour la Tasmanie part aujourd'hui, mais il est plein, alors nous devons attendre son retour. Nous serons ici pendant presque une semaine.

14 juin — Nous logeons au Federal Palace dans Collins Street. Ce n’est pas un endroit désagréable. On est allé voir un spectacle mais cela n’est rien à voir avec Londres. On part vers la maison de Dave demain.

15 juin — J'ai vu Dave aujourd'hui et je vais chez Alf demain. Je suis allé chez Alf et il veut que je reste jusqu'à mon départ pour la maison. Je pense que je vais sortir.

14 juin — Déménagé à St. Kilda aujourd'hui. C'est beaucoup mieux que de rester en ville. Alva est assez mal en point, mais elle se lèvera demain.

18 juin — Je suis allée voir tante Causer hier. Je n'ai reconnu aucun d'entre eux. Je ne suis resté que quelques heures.

19 juin — Je pense partir demain. Je dois faire un examen médical aujourd'hui.

20 juin — Journée tranquille aujourd'hui. Départ demain à 10 h. Alva n'est pas bien aujourd'hui.

21 juin — Départ du quai à 10 h et mouillage dans la baie. Certains des pompiers ont fait grève à 14 h. Nous nous remettons en route. Nous allons avoir du gros temps.

22 juin — Très mauvais temps la nuit dernière.

23 juin — Bonne journée hier et arrivée à Barnes Bay pour la quarantaine à 13 h.

24 juin — Le temps est assez bon ici, mais le bateau est terriblement lent. Nous sommes encerclés et n'avons pas le droit de nous mêler aux civils. On ne voit aucune maison.

26 juin — Il y a une séance de cinéma gratuite tous les soirs.

27 juin — On prend la température tous les jours.

28 juin — J'ai fait du sport aujourd'hui et j'ai passé une bonne journée. Plus que deux jours, puis retour à la maison !


29 juin — Dimanche. Retour à la maison demain.


30 juin — Départ de Barnes Bay à 8 h 30 et arrivée à Hobart à 10 h 30. Retour à la maison à 11 h 30. Enfin !

Libéré le 14 août 1919





Ce journal a été copié à partir du journal original d'A.P. Brown qui se trouve au Hobart Barracks Museum à Hobart, Tasmanie, Australie.


Il a été copié à la main par sa fille Bessie Furlani de Howrah, Tasmanie, Australie et remis par sa petite-fille Marguerite Arbon à Villers-Bretonneux le 25 avril 2013.